Créer un site internet

L'Agent Geai - 3

Les Enfants-Alouettes

<< 2 Le Gardien de la Forêt - L'Agent Geai - 4 La réception  >>

Agent geaic2

« On va s'inquiéter pour nous. » dit Bouboule.

« C'est sûr qu'on va s'inquiéter, » répondit Étincelle, « ils vont se demander ce qu'on est devenu, et ils vont nous chercher. »

« Mais ils penseront pas à regarder dans les arbres. »

« Non. »

« Ni à demander aux oiseaux où on est. »

« Comment ils feraient ? » demanda Étincelle, « ils savent pas parler aux oiseaux. »

« Pourquoi pas ? On leur parle bien, nous, en plus ils nous répondent, du moins, le Policier et l'Aigle. »

« C'est vrai, » répondit Étincelle, « je sais pas comment ça se fait, faudra que je pose la question à Monsieur Geai. »

Après un moment de réflexion, Bouboule demanda :

« Pourquoi il y a besoin d'un Agent de Police dans la forêt ? »

« Je pense qu'il doit empêcher les oiseaux de mal se conduire, » répondit-elle, « certains sont turbulents, comme les Pies, car ce sont des voleuses, les Corbeaux qui cherchent la bagarre, les Choucas qui sont impertinents et un tas d'autres qui peuvent créer des problèmes. Cet Agent Geai doit être très occupé s'il veille sur tout ce monde-là. »

« La forêt est entre de bonnes mains, avec lui. » dit Bouboule.

« Il a pas de mains, nous non plus, d'ailleurs, tu devrais plutôt dire qu'elle est entre de bonnes ailes. » suggéra Étincelle.

« Çà me fait penser que j'ai faim. » gazouilla l'Enfant-Alouette.

« Eh bien, on a le panier. » répondit-elle.

« Mais comment on va manger le gâteau et le reste, 'sorcelés comme on est ? »

« On a toujours nos bouches et nos dents. »

« Oui, mais on a pas de mains, et il y a un torchon attaché au-dessus du panier. »

« C'est vrai ! » s'exclama Étincelle, « j'y avais pas pensé. »

Ils volèrent tous deux jusqu'au panier et se perchèrent sur le bord. Il leur paraissait incroyablement grand, maintenant qu'ils étaient si petits. Mais Bouboule fit remarquer que c'était un avantage, car au lieu de manger toutes les bonnes choses qu'il contenait en un seul repas, comme c'était prévu au départ, ils avaient de quoi tenir assez longtemps.

Mais pour l'instant, le problème c'était de rentrer dans le panier. Ils voletèrent tout autour un moment avant de trouver un endroit où le torchon n'était pas bien fixé. Bouboule entreprit de l'agripper avec ses petites pattes, et Étincelle l'y aida, si bien qu'ils parvinrent à l'écarter suffisamment pour que l'un d'eux puisse se glisser à l'intérieur, l'autre le suivit, et comme le panier n'était pas entièrement plein, ils avaient la place de se tenir debout sous le torchon et aller se percher sur une pile de biscuits, juste à côté d'une pile de sandwiches.

Les biscuits avaient l'air gigantesques, Bouboule remarqua qu'ils étaient aussi grands que la table à la maison.

« Tant mieux pour nous. » dit Étincelle en se penchant pour en grignoter un sur le bord.

« Si on doit rester des oiseaux, » fit remarquer Bouboule, lui aussi occupé à grignoter du mieux qu'il pouvait, « il nous faut un bec pour picorer. Ça me plait pas d'être la moitié d'un truc et la moitié d'un autre. »

« La sorcière a pas fait ça pour que ça nous plaise, » répondit Étincelle, « elle a fait ça pour nous causer des problèmes. »

« En tout cas, elle a réussi. » dit-il.

Manger n'était pas si compliqué qu'ils l'avaient craint, en effet, leur cou d'oiseau leur permettait de baisser la tête très bas. À un moment, le chapeau de Bouboule tomba, et il se demanda comment il allait le remettre sur sa tête.

« Essaie de te tenir sur une patte et de le ramasser avec l'autre. » lui suggéra Étincelle.

« Tu crois ? »

« Les cigognes se tiennent sur une patte, » continua la fillette, « je l'ai vu sur des images. »

Bouboule essaya, et il s'aperçut qu'il pouvait très facilement rester en équilibre. S'il penchait d'un côté ou de l'autre, il n'avait qu'à étendre ses ailes et déployer les plumes de sa queue pour ne pas tomber. Il ramassa son chapeau d'une patte et parvint à le remettre sur sa tête.

Agent geai6

Cela donna une nouvelle idée à l'Enfant-Alouette, en se servant de sa patte comme d'une main, il cassa un morceau de biscuit pour le manger. En le voyant, Étincelle suivit son exemple, et après quelques essais, elle parvint aussi à manger toute à son aise.

Une fois rassasiés (Bouboule était étonné de voir le peu qu'il leur avait fallu pour assouvir leur faim), les enfants-oiseaux se glissèrent hors du panier et allèrent se percher sur une branchette à côté de leur nid.

« Salut ! » cria soudain une drôle de voix, « vous êtes nouveaux par ici, hein ? »

Ils furent tellement saisis qu'ils durent battre des ailes pour ne pas tomber. Étincelle aperçut une tête au poil roux surgir d'un petit creux dans le tronc de l'arbre. Cette tête possédait deux yeux noirs tout ronds, un petit nez palpitant, une large bouche avec des incisives aiguisées et de longues moustaches comme celles d'un chat. L'individu avait l'air d'un monstre, mais la fillette comprit qu'il ne s'agissait que d'un Écureuil.

« Vous... vous nous avez fait peur. » dit-elle timidement.

« C'est vous qui m'avez fait peur, » rétorqua l'Écureuil d'un ton comique, « bon sang ! Comment se fait-il que vous ayez des têtes d'enfants ? »

« C'est pas tout à fait ça, » remarqua Bouboule, en regardant l'écureuil dans les yeux, « dites plutôt qu'on est des enfants avec des corps d'oiseaux. »

« Comme vous voulez, » dit l'animal, « que vous est-il arrivé ? »

« On est victimes d'un charme. » répondit Étincelle.

« Ah, la Tuxix ? »

« Oui, on s'est perdus en forêt, et elle nous a jeté un sort. »

« Comme c'est dommage, » dit leur nouvelle connaissance, « c'est une vieille créature méchante, elle adore apporter des ennuis aux gens. Allez-vous vivre ici ? »

« Oui, » répondit la fillette, « l'Agent Geai nous a donné ce nid. »

« Alors c'est parfait, l'Agent Geai commande toute la population à plumes de cette forêt à son gré. L'avez-vous déjà vu en uniforme ? »

« Non, » firent ils, « à moins que ses plumes soient son uniforme. »

« Il est trop fier de sa fonction pour se contenter de ses plumes, croyez-moi. Dès que les gens ont un peu d'autorité, ils veulent que le monde entier le sache, un glorieux uniforme peut dissimuler un cœur faible. Mais à part ça, comme je suis votre plus proche voisin, laissez-moi me présenter ; je m'appelle Wisk. »

« Moi, c'est Étincelle. »

« Et moi Bouboule. »

« Enchanté de faire votre connaissance, » dit l'Écureuil avec un signe de tête, « j'habite au premier étage. »

« Comment ça ? » demanda le petit garçon.

« Le premier étage, quoi, il y a une femelle Opossum qui habite dans le creux du rez-de-chaussée, elle porte toujours ses quatre bébés dans sa poche ventrale, et il y a Madame Bouh, la chouette grise, qui habite au premier étage, le creux que vous apercevez là-haut, du coup, j'habite au premier étage. »

« Ah, d'accord. » fit Étincelle.

« Tôt le matin, la femelle Opossum rentre chez elle en grognant pour se coucher, tard dans la nuit, la Chouette hulule et empêche tout le monde de dormir, mais pour ma part, je suis très calme et bien éduqué, vous verrez, je suis un bon voisin. » continua l'Écureuil.

Agent geai7

« J'en doute pas. » dit Bouboule.

Comme pour prouver ses intentions amicales, l'Écureuil surgit du creux de l'arbre et vint s'asseoir à côté d'eux sur une branche, tenant sa queue touffue toute droite, si bien qu'elle reposait sur sa tête comme la plume d'un casque militaire.

« Vous avez faim ? » demanda la fillette.

« Pas vraiment, c'est vrai que j'ai du mal à trouver de la nourriture en attendant que les noisettes soient mûres, ma réserve de l'hiver dernier est épuisée, mais j'arrive à trouver de quoi manger ici et là. »

« Vous aimez les biscuits ? » proposa-t-elle.

« Je ne sais pas, » répondit Wisk, « où est-ce que ça pousse ? »

« Dans les paniers. Je vais aller vous en chercher un bout, comme ça, vous pourrez goûter. » Étincelle s'envola vers le panier et elle revint avec un morceau de biscuit dans sa patte, ce n'était qu'une miette, mais c'était tout ce qu'elle arrivait à porter.

L'Écureuil se saisit du morceau et l'examina attentivement avant de prendre une bouchée, l'instant d'après il n'y en avait plus.

« En effet, c'est vraiment très bon ! » déclara-t-il, « où donc ces paniers de biscuits poussent-ils ? »

« Ils poussent nulle part, » répondit Étincelle en riant, « les paniers sont vendus chez les droguistes, et c'est ma maman qui fait les biscuits. »

« Ah, c'est de la nourriture humaine. »

« Oui, vous en voulez encore ? »

« Pas pour le moment, » dit Wisk, « je ne veux pas vous démunir, et c'est stupide de manger plus que nécessaire simplement parce que c'est bon. Mais si jamais j'ai très faim, je vous en demanderai un autre bout. »

« Tant qu'on en a, pas de soucis. » dit la fillette.

« C'est très gentil de votre part. » répondit l'Écureuil.

Ils restèrent ainsi à parler pendant une heure, Wisk leur raconta des histoires sur la forêt, et sur les drôles de bêtes et d'oiseaux qui y vivaient. C'était très intéressant, les enfants l'écoutaient attentivement quand soudain, ils entendirent un grand bruit, et l'Écureuil courut se réfugier dans son trou.

<< 2 Le Gardien de la Forêt - L'Agent Geai - 4 La réception  >>

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire