Monsieur Marmotte - 3
Monsieur Marmotte réprimande Étincelle
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Étincelle trouvait cet environnement ravissant, elle vit même des poissons rouges nager dans la fontaine.
« Eh bien, que pensez vous de tout çà ? » lui demanda Monsieur Marmotte en allant et venant sur le chemin de gravier tout en faisant tourner grâcieusement sa canne à pommeau d'or
« On dirait un rêve » dit Étincelle.
« Mais c'en est un, » répondit il avec un signe de tête, « quelle idée de vous endormir dans les trèfles. »
« Ah bon, je me suis endormie ? » demanda-t-elle, surprise.
« Bien sûr, » rétorqua-t-il, « vous ne croyez tout de même pas que tout ceci est réel ? »
« Pourtant, çà a l'air réel, » dit elle, « vous êtes bien la marmotte ? »
« Monsieur Marmotte, je vous prie, adressez vous à moi de manière appropriée, ou vous allez me mettre en colère. »
« Pardon, vous êtes donc bien Monsieur Marmotte ? »
« Pour l'instant, oui, mais quand vous vous réveillerez, je ne le serai plus. » dit il.
« Alors vous pensez que je suis en train de rêver ? »
« À vous de le dire. » répondit Monsieur Marmotte.
« Qu'est ce qui me fait faire ce rêve ? »
« Je ne sais pas. »
« Vous croyez que c'est quelque chose que j'ai mangé ? » demanda-t-elle, inquiète.
« Je ne crois pas, ce n'est pas un cauchemar, il ne s'est rien passé d'horrible jusqu'à présent. Vous avez sans doute lu un de ces livres d'histoires invraisemblables. »
« Çà fait longtemps que je n'ai pas lu de livre. » dit Étincelle.
« Les rêves n'ont pas toujours d'explication logique, » fit remarquer Monsieur Marmotte, « mais cette conversation est déplacée, quand on rêve, on n'en parle pas, on ne sait même pas qu'on rêve, alors parlons d'autre chose. »
« Il est vraiment beau, ce jardin, » dit Étincelle, « je me sens bien, ici. »
« Mais vous ne pouvez pas rester, » répondit Monsieur Marmotte, « de plus, vous n'êtes pas sensée vous sentir bien en ma présence, vous faites partie des pires ennemis de ma race. Vous, les humains, vous ne pensez qu'à torturer et à tuer les marmottes. »
« Oh non ! » répondit elle, « nous avons des choses plus importantes à penser. Mais quand une marmotte dévore notre trèfle et nos légumes, on doit faire quelque chose pour l'en empêcher, c'est pourquoi mon papa a posé ce piège. »
« Vous êtes égoïstes, » dit Monsieur Marmotte, « et comme vous êtes cruels envers les petites bêtes qui doivent se nourrir de ce qu'elles trouvent, sous peine de mourir de faim. Pourtant, il y a bien assez à manger pour tout le monde dans les champs. »
Étincelle se sentit un peu honteuse.
« Nous devons vendre le trèfle et les légumes pour gagner notre vie, » expliqua-t-elle, « si les animaux les mangent, nous ne pouvons pas les vendre. »
« Nous ne mangeons pas assez pour vous priver, » répondit Monsieur Marmotte, « de plus, cette terre appartenait aux créatures sauvages bien avant que vos semblables n'arrivent pour la cultiver. Franchement, vous n'avez aucune raison d'être aussi cruels, c'est atrocement douloureux pour un animal de se faire prendre dans un piège, souvent, il souffre des heures et des heures avant qu'un humain n'arrive pour le tuer. Ce n'est pas de mourir qui nous dérange le plus, la mort ne dure qu'un instant, mais chaque minute de souffrance semble durer des heures. »
« C'est vrai ! » s'écria Étincelle, qui se sentit soudain coupable et pleine de remords, « je demanderai à papa de ne plus poser de pièges. »
« Cela nous rendrait bien service, » répondit Monsieur Marmotte d'un ton plus avenant, « j'espère que vous n'oublierez pas votre promesse en vous réveillant. Mais çà ne suffit pas pour compenser les souffrances que nous avons endurées, je réfléchis à un moyen de vous punir pour la méchanceté de votre père et de tous les autres humains qui posent des pièges. »
« Vous êtes rancunier, » dit la petite fille, « vous êtes aussi mauvais que nous ! »
« Comment cela ? » demanda Monsieur Marmotte en interrompant sa marche pour l'observer.
« Se venger, c'est aussi méchant que d'être égoïste et cruel. » dit elle.
« Vous avez peut être raison, » répondit l'animal, tout en retirant son chapeau haut-de-forme pour le frotter de son coude, « mais les marmottes ne sont pas parfaites, pas plus que les humains, vous devez donc nous accepter telles que nous sommes. Maintenant, je vais vous montrer à ma famille, les enfants seront heureux de voir la petite humaine sauvage que j'ai capturée. »
« Sauvage ! » s'écria-t-elle, indignée.
« C'est ce que vous serez jusqu'à votre réveil. » répondit il.
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