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L'Agent Geai - 11

Les orphelins

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L'Aigle leur dit au revoir et s'envola à la recherche de proies, tandis que le Geai et les Enfants-Alouettes se dirigèrent vers l'endroit de la forêt où ils vivaient.

« Vous êtes sûr que les hommes sont partis ? » demanda Bouboule.

« Oui, » répondit l'Agent, « ils ont quitté la forêt juste après avoir tué Jolly Joe, l'Ours brun était si lourd qu'ils ont du le porter sur une barre posée sur leurs épaules. J'espère qu'ils ne vont pas revenir de si tôt. »

« Est ce qu'ils ont aussi emmené Madame Bouh ? » demanda Étincelle.

« Oui, ils vont sans doute l'empailler, la pauvre ! »

À ce moment là, ils passèrent au dessus de la lueur rosée au centre de la forêt, et la fillette dit :

« Voila le Pays du Paradis, où vivent les Oiseaux de Paradis, l'Aigle a promis de demander à l'un d'eux de nous laisser le visiter. »

« Je peux faire mieux, si vous voulez visiter le Paradis, » répondit le Geai, « le Gardien de l'Entrée est un bon ami à moi, il ne me refuse rien. »

« Vraiment, il voudrait bien ? » demanda la fillette enthousiaste.

« Bien sûr, je vous emmènerai là-bas, et vous verrez les amis influents que peut avoir l'Agent Geai. »

« Ça serait formidable. » déclara Étincelle.

Comme ils volaient vite, ils arrivèrent rapidement chez eux.

Agent geai923Ils se rendirent d'abord au nid des Chardonnerets, dans un arbre non loin de l'érable des Enfants-Alouettes. Ils y trouvèrent les oisillons, si jeunes qu'ils étaient sans défense. Madame Rouge-Gorge était assise au bord du nid, et elle dit :

« Ces pauvres orphelins ont encore faim, pourtant, je leur ai donné tous les insectes que j'ai trouvés dans le coin. Je suis contente que vous soyez là, car je dois retourner chez moi m'occuper de mes propres petits. »

« Bouboule et moi nous avons adopté les Chardonnerets, » dit Étincelle, « on va s'occuper d'eux, maintenant. C'est très gentil de votre part d'avoir veillé sur eux jusqu'à notre arrivée, Madame Rouge-Gorge. »

« J'aime bien rendre service, » répondit elle, « tant que ces hommes cruels viendront dans cette forêt, aucune mère ne pourra être sûre que leurs propres petits ne deviendront pas orphelins et seuls. »

« C'est vrai. » dit gravement l'Agent en acquiesçant.

Madame Rouge-Gorge s'envola, et Bouboule regarda avec curiosité dans le nid, où des petites têtes duveteuses étaient dressées avec leurs becs ouverts aussi grand que possible.

« Ils doivent avoir affreusement faim, Étincelle. » dit le petit garçon.

Agent geai924

« Ils sont toujours comme ça, » expliqua calmement l'Agent Geai, « dès qu'on passe à côté d'eux, ils ouvrent le bec pour qu'on leur donne à manger, qu'ils aient faim ou pas. C'est comme ça que ça se passe avec les oisillons. »

« Avec quoi on va les nourrir ? » demanda Étincelle.

« De tout, ils ne sont pas difficiles. » répondit le Geai avant de s'envoler, laissant les Enfants-Alouettes à leur nouvelle tâche.

« Je serai le papa, et toi tu seras la maman. » dit Bouboule.

« D'accord. » approuva Étincelle.

« Pîîîp ! Pîîîp ! Pîîîp ! » firent les petits Chardonnerets.

« Je me demande si les vivres dans notre panier leur plairaient. » s'interrogea la fillette en regardant les becs ouverts, son petit corps brun perché au bord du nid.

« On a qu'à essayer, » suggéra le petit garçon, « le flic a dit qu'ils sont pas difficiles, et ce qui est bon pour nous doit être aussi bon pour eux. »

Ils volèrent jusqu'au panier, toujours pendu dans l'épais feuillage de l'arbre, ce qui avait empêché les hommes de le voir, et ils se glissèrent sous le torchon qui le recouvrait.

« Qu'est ce qu'ils vont préférer ? » demanda Bouboule, « les cornichons ou le fromage ? »

« Ni l'un ni l'autre, » répondit Étincelle, « les sandwichs, c'est ce qu'il y a de mieux pour eux. Attends, je vais prendre un peu de viande entre les tranches de pain, je crois qu'ils vont aimer ça. »

« C'est sûr, » approuva Bouboule, « ils croiront que c'est des insectes. »

Ils retirèrent un gros morceau de viande d'un sandwich, et en le tenant chacun avec une patte, ils parvinrent à le rapporter au nid des petits Chardonnerets en volant.

« Il vaut mieux pas tout leur donner d'un coup, » dit la fillette, « ils pourraient s'étouffer. »

« Je sais. » répondit Bouboule.

Il arracha un petit morceau de viande et le jeta dans un des becs grand-ouverts, il fut englouti instantanément, et le bec se rouvrit aussitôt, réclamant plus. Ils tâchèrent de partager le repas équitablement entre eux, mais ils se ressemblaient tellement, et avalaient si rapidement ce qui leur tombait dans la gorge, qu'il était difficile de savoir lequel en avait déjà eu ou non. Mais les Enfants-Alouettes avaient l'assurance qu'ils en avaient eu assez pour ne pas mourir de faim, car il y avait un tas de nourriture devant chacun d'eux.

La tâche suivante des nourrices fut de donner à boire aux oisillons, Étincelle et Bouboule volèrent jusqu'au ruisseau, ils cherchèrent dans les environs et finirent par trouver une coquille de gland tombée au pied d'un chêne. Ils la remplirent d'eau, puis la fillette, qui était un peu plus grande que le Garçon-Alouette, prit fermement la coquille avec ses griffes et retourna auprès des orphelins sans trop en renverser, ils parvinrent à verser quelques gouttes d'eau dans chaque bec ouvert, puis Étincelle dit :

« Voila ! Ils mourront ni de faim ni de soif pour le moment, Bouboule, maintenant, à nous de manger. »

« Leurs becs sont toujours ouverts. » remarqua le petit garçon d'un air embarrassé.

« Ça doit être leur habitude, » répondit elle, « ils doivent être fatigués à force d'ouvrir le bec, tu crois pas ? »

« Pîîîp ! Pîîîp ! Pîîîp ! » firent les petits Chardonnerets.

« Vous savez, » dit le petit garçon d'un air entendu, « ils n'y connaissent rien. J'aiu eu un chien qui hurlait à chaque fois qu'on l'enfermait. Mais quand on le laissait tout seul, il finissait par se taire. On a qu'à aller chercher à manger pour nous en laissant ces petits ogres, peut être qu'ils vont se tenir tranquilles entre temps. »

« Peut-être. » répondit Étincelle.

Ils mangèrent à leur tour des denrées du panier, puis ils allèrent se percher dans un arbre voisin du nid des Chardonnerets. Ils se sentaient mal à l'aise dans leur nid, ils ne pouvaient pas oublier la mort tragique des habitants de l'érable, qui occupaient les trois trous du tronc, les étages, comme Wisk avait coutume de les appeler.

Dans l'après-midi, plusieurs oiseaux vinrent rendre visite aux orphelins, et ils furent satisfaits de voir les Enfants-Alouettes s'occuper d'eux. Inquiète, Étincelle questionna les mères de familles sur les petits et leur habitude de garder le bec ouvert pour réclamer de la nourriture, mais elles lui dirent de ne pas y faire attention.

Cependant, les plaintes des orphelins, qui étaient pourtant gavés de nourriture, commençaient à rendre les Enfants-Alouettes si nerveux, qu'ils furent heureux de voir arriver l'Agent Geai en début de soirée. Il était venu avec Madame Pinson, une veuve dont le mari avait été tué par un chat sauvage, quelques jours auparavant.

Madame Pinson ne demandait pas mieux que de devenir la mère des petits Chardonnerets, elle disait avoir élevé correctement ses propres enfants, et comme les Chardonnerets étaient de proches cousins des Pinsons, elle était certaines de bien connaître leurs besoins.

Sur le moment, Étincelle rechigna à abandonner cette charge, elle y avait pris goût, mais Bouboule poussa un soupir de soulagement, déclarant être heureux que ces petits mendiants aient trouvé une mère qui s'y connaissait mieux que lui. Le Geai était d'avis que la veuve était plus apte à s'occuper des petits Chardonnerets que des Enfants-Alouettes qui n'avaient jamais eu de petits, Étincelle fut donc bien obligée de s'en remettre à son jugement.

Madame Pinson s'installa de façon très maternelle sur le nid, les deux enfants-oiseaux lui souhaitèrent bonne nuit et retournèrent à leur érable. Ils ne parvinrent pas à dormir, car Bouboule était persuadé que l'endroit était hanté par les fantômes de la Chouette grise, de Wisk et de Madame Opossum.

Mais il n'y eut pas de fantômes, ou alors ils étaient trop polis pour déranger les Enfants-Alouettes.

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