Monsieur Marmotte - 4
Madame Marmotte et sa famille
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Monsieur Marmotte n'eut pas besoin d'appeler sa famille, à peine eut-il fini de parler que des éclats de voix se firent entendre, c'était Madame Marmotte qui arrivait par un chemin du jardin, suivie de plusieurs jeunes marmottes.
La dame était luxueusement habillée d'une robe de soie parée de volants, de dentelles et de froufrous, et elle portait un large chapeau blanc garni de plumes d'autruche. Elle était vraiment très grosse, même pour une marmotte, sa tête semblait directement fixée à son tronc, sans cou pour les séparer. Bien que le jardin fût ombragé, elle tenait un parasol de dentelle au dessus d'elle, marchant d'un pas à la fois si emprunté et désinvolte qu'Étincelle faillit éclater de rire en la voyant.
Derrière elle, il y avait des jeunes marmottes de toutes sortes et de toutes tailles. Une petite fille marmotte poussait un landau de poupée, dans lequel était installée une marmotte en peluche ressemblant parfaitement à une vraie, elle était rembourrée d'une matière moelleuse qui la rendait grassouillette, et ses yeux étaient deux perles de verre cousues. Un grand garçon marmotte vêtu de culottes courtes et coiffé d'un béret Tam o' Shanter1 faisait rouler un cerceau, plusieurs garçons et filles marmottes plus petits, tous habillés de manière aussi farfelue, formaient une longue file à la suite de leur mère.
« Très chère, » dit Monsieur Marmotte à son épouse, « voici une créature humaine que j'ai capturée devant la porte d'entrée. »
« Peuh ! » fit la dame marmotte en jetant un regard méprisant à Étincelle, « pourquoi avez vous amené cet affreuse créature dans notre jardin, Léander ? Rien qu'à la regarder, j'en frémis de dégoût ! »
« Maman ! » s'écria un des enfants, « regarde comme elle maigre ! »
« Elle a pas de poil sur le museau, » dit un autre, « ni sur ses pattes ! »
« Elle a même pas de queue ! » s'écria la petite marmotte avec sa peluche.
« En effet, c'est une créature vraiment étrange, » dit la mère, « ne la touchez pas, mes petits chéris, elle pourrait vous mordre. »
« Ne craignez rien, » dit Étincelle, piquée au vif par ces propos, « pour rien au monde je ne mordrais une sale marmotte poisseuse ! »
« Oooh ! Entendez vous ce qu'elle nous dit, mère ? Elle dit que nous sommes sales et poisseux ! » s'écrièrent les enfants, quelques uns d'entre ramassèrent des pierres dans leurs pattes, prêts à les lancer sur Étincelle.
« Tsst! Tsst ! Pas de cruauté, » intervint Monsieur Marmotte, « rappelez vous que cette pauvre créature est prisonnière, elle n'est pas habituée à la bonne société, en plus, elle est en train de rêver. »
« Vraiment ? » s'exclama Madame Marmotte, en regardant la fillette avec curiosité.
« Évidemment, » répondit il, « sinon, elle ne nous verrait pas dans cet accoutrement fantaisiste, nous ne ferions pas non plus la même taille qu'elle. Vous admettrez que la situation n'a rien de naturel, très chère. »
« Mais nous, on rêve pas, hein papa ? » demanda le garçon au cerceau avec inquiétude.
« Bien sûr que non, » répondit Monsieur Marmotte, « vous avez donc l'occasion d'étudier un des ces animaux humains, qui sont nos pires ennemis depuis toujours. Vous remarquerez qu'ils sont curieusement constitués, à part l'absence de poil, excepté sur le haut de leur tête, leurs pattes sont étrangement formées, ces appendices que vous voyez à leurs extrémités s'appellent des doigts, et leurs griffes sont plates et faibles, au lieu d'être pointues et robustes comme les nôtres. »
« Cette bête est tout simplement répugnante! » dit Madame Marmotte, « l'idée de toucher sa peau flasque me dégoûte. »
« J'en suis ravie, » rétorqua Étincelle, vexée, « vous me dégoûtez encore plus, je ne vous dis que çà, vous êtes une créature ignorante et désagréable ! Si vous aviez un tant soit peu de savoir-vivre, vous traiteriez les étrangers plus poliment. »
« Non mais écoutez moi cette chose ! » s'écria Madame Marmotte d'un air outré, « quel toupet ! »
1Le Tam o’ Shanter est un béret traditionnel écossais répandu dans l’ensemble du Royaume-Uni. Il doit son nom à Tam o' Shanter, le héros du poème homonyme de Robert Burns. De forme plate, il est surmonté d’un pompon en son centre et peut se décliner en diverses couleurs, unies ou avec des motifs de tartans écossais (NdT. Source : Wikipédia).
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