Pierrot et Colombine sur la Lune
Pierrot était un orphelin, enfant chétif et sensible. Il était gentil, mais tout le monde le trouvait un peu trop rêveur. Colombine était une jeune bergère, fille d’un berger et d’une bergère, qui menaient une vie austère pleine de moralité.
Pierrot et Colombine s’aimaient, mais les parents de Colombine voyaient cet amour d’un mauvais œil. « Ce garçon n’est pas sérieux. » disaient ils à leur fille, ils auraient préféré qu’elle tombe amoureuse d’un fils de fermier, avec qui il y aurait plus d’avenir. Quant à Pierrot, ses tuteurs et ses tutrices lui disaient que Colombine était trop bien pour lui.
Mais ces deux enfants n’écoutaient pas la voix de la raison, ils se retrouvaient en secret le soir, et Pierrot racontait de merveilleuses histoires à Colombine. C’est pour cela qu’elle d’ailleurs, peu lui importait qu’il soit riche ou pas, viril ou non, il la faisait rêver, c’était tout ce qui comptait.
Pierrot racontait souvent des histoires sur la Lune, il en parlait comme s’il y avait été, et Colombine l’écoutait, les yeux émerveillés, des heures durant. Les soirs de pleine lune, il lui montrait des endroits de l’astre et lui décrivait ce qui s’y trouvait : « Tu vois cette tâche sombre ? C’est la Mer de la Tranquillité, dedans, il y a des sirènes qui y vivent, et qui chantent à longueur de journée. En haut, il y a des prairies ensoleillées couvertes de fleurs multicolores, que butinent les abeilles, les papillons, et où s’ébattent les cabris et les lapins. À droite, sur le bord de la Mer, il y a une ville peuplée d’hommes et de femmes ailés aux plumes blanches comme celles des cygnes, il se promènent en planant dans le ciel de la Lune, ils vivent tous dans la paix et la sérénité.
Sur l’autre rive de la Mer, il y a une forêt enchantée, où vivent des créatures fabuleuses comme des licornes, des griffons, des centaures, des dragons, ainsi que elfes, des farfadets et des fées. Tout en bas, il y a le palais du Roi de la Lune, bâti avec des blocs de diamants. »
Et ainsi de suite des nuits durant, et Colombine ne cessait de l’écouter, ayant foi en chacune de ses paroles, elle admirait son Pierrot qui savait tant de choses.
Un jour, les parents de Colombine décidèrent de lui faire épouser le fils d’un éleveur de la région, qui était riche et influent. Ils estimaient qu’il était plus digne d’elle que ce bon à rien de Pierrot, le mariage allait avoir lieu imminemment, dans les deux ou trois semaines à venir.
Colombine était désespérée, elle aurait voulu mourir. Le soir, elle retrouva Pierrot comme d’habitude et lui annonça la terrible nouvelle en sanglotant.
Pierrot garda son calme, et en la serrant contre lui, il lui dit :
« N’aie pas peur, ma douce Colombine, nous allons nous enfuir tous les deux, et on ne nous retrouvera jamais. »
« Où allons nous aller ? » demanda Colombine.
En réponse, Pierrot leva le doigt vers la Lune.
« La Lune ? » S’écria Colombine. « Comment allons nous y aller ? »
« L’Enchanteur Merlin m’emploie comme homme à tout faire, c’est moi qui nettoie son laboratoire et ses instruments. J’ai aussi accès à sa bibliothèque, quand il n’est pas là, il m’arrive de lire les ouvrages interdits, et j’en connais un qui pourra nous être utile. Retrouvons nous ici demain soir. »
« Où allons nous aller ? » demanda Colombine.
En réponse, Pierrot leva le doigt vers la Lune.
« La Lune ? » S’écria Colombine. « Comment allons nous y aller ? »
« L’Enchanteur Merlin m’emploie comme homme à tout faire, c’est moi qui nettoie son laboratoire et ses instruments. J’ai aussi accès à sa bibliothèque, quand il n’est pas là, il m’arrive de lire les ouvrages interdits, et j’en connais un qui pourra nous être utile. Retrouvons nous ici demain soir. »
« Verrons nous les hommes et les femmes ailés ? » demanda Colombine.
« Bien sûr que nous les verrons ! » répondit Pierrot en lui prenant la tête entre les mains, « nous rencontrerons aussi le Roi de la Lune, dans son palais bâti avec des blocs de diamants. Et nous visiterons la Lune en chevauchant des licornes. » Ajouta-t-il. Colombine lui sourit et lui dit :
« Vas y ! »
Pierrot traça une figure ésotérique sur le sol, il se plaça au centre avec Colombine en la tenant par la main, et il lut une longue incantation en latin dans le livre. Alors le vent se leva, soufflant doucement au début, puis de plus en plus fort, jusqu’à devenir violent. Il s’enroula autour de Pierrot et Colombine, et ils disparurent tous deux dans un éclair. Puis le vent retomba soudainement, et le calme revint dans la campagne.
Un instant plus tard, grâce à l’incantation du grimoire de Merlin, Pierrot et Colombine se matérialisèrent sur la Lune. Mais la Lune n’était pas ce paradis dont-ils avaient rêvé pendant tant de nuits, ils ne trouvèrent pas les prairies ensoleillées couvertes de fleurs multicolores ni la forêt peuplée d’animaux fabuleux, ni le lac où s’ébattaient les sirènes, ni la cité fantastique peuplée d’hommes et de femmes ailés, ni le palais du roi bâti avec des blocs de diamant.
À la place, il n’y avait qu’une étendue déserte à perte de vue, pas une seule fleur, pas un seul arbre, seulement une poussière grisâtre et des rochers nus.
Pierrot et Colombine n’eurent pas le temps de s’en rendre compte, car ils moururent instantanément par le manque d’atmosphère, le vide et le froid de l’espace les momifièrent en quelques secondes, déshydratant complètement leur corps, et leurs visages d’enfants si doux n’étaient plus que de hideux masques mortuaires.
Ainsi périrent Pierrot et Colombine, assassinés par une cruelle réalité.
Des extraits de ce texte sont cités dans cette vidéo intitulée (de 02 : 15 à 03 : 40) : Poison Lune
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