L'Agent Geai - 13

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À mesure qu'ils avançaient dans ce Pays Enchanté des Oiseaux, de plus en plus de splendeur s'étalait devant eux. Des lianes d'argent grimpaient sur les troncs en or des arbres, se mêlant au feuillage étincelant et aux fleurs en joyaux, qui diffusaient une lueur rosée éclipsant les rayons du soleil. Il y avait aussi des parterres de plantes aux larges feuilles qui changeaient constamment de teinte, jamais aucune ne prenait la même que les autres. Malgré ce déferlement de couleurs vives que l'on voyait partout, chaque combinaison était en parfaite harmonie et ravissait les sens.

Des buissons qui émanaient un doux parfum portaient des clochettes sur leurs branches, tintant dans la brise embaumée, et jouant de douces mélodies, tandis que des lys projetaient des gouttelettes d'eau cristalline dans les airs, en retombant, elles faisaient résonner les feuilles de façon si harmonieuse, qu'Étincelle aurait pu les écouter pendant des heures.

Leur guide continuait à voler silencieusement, les enfants étaient si émerveillés par ce qui les entourait qu'ils n'avaient pas envie de poser de question.

La scène changeait sans cesse, devenant de plus en plus fascinante, le Paradis était plus étendu qu'ils ne le pensaient.

Progressivement, Ephel le Messager approchait de la partie centrale, où se dressait un grand arbre couvert de fleurs blanches. Certaines étaient grandes comme des chrysanthèmes ou des reines-marguerites, mêlées à d'autres plus petites en forme de clochettes, comme le muguet.

Ephel entra dans l'arbre par un passage en forme d'arche, puis il continua à voler, l'intérieur semblait s'élargir à mesure qu'ils avançaient, enfin les Enfants-Alouettes se retrouvèrent dans une sorte d'alcôve dont les parois étaient recouvertes de fleurs blanches, qui emplissaient l'air d'un délicieux parfum. Il y avait des fleurs blanches au sol aussi, faisant ressembler l'endroit à une immense corne d'abondance.

Ce n'était pas tant l'arbre lui-même qui attirait l'attention des petits étrangers, mais plutôt le groupe de splendides oiseaux qui occupaient l'alcôve, perchés sur un buisson, qui s'étendait en gracieuses branches d'or, partant du centre et se déployant dans toutes les directions.

Celles des niveaux inférieurs étaient occupées par nombre d'oiseaux aux plumages multicolores, certains à dominance bleue, d'autre verte, rouge ou jaune vif. Faisant contraste avec eux, il y avait des oiseaux à l'aspect plus modeste, leurs formes, néanmoins gracieuses, étaient recouvertes de plumes brun-clair, ils restaient perchés silencieusement sur les branches les plus basses et les plus écartées du buisson d'or, mais le contraste était encore plus flagrant entre tous les oiseaux présents et celui qui se trouvait au sommet, tant était grande sa magnificence.

Cette merveilleuse créature, dont la splendeur dominait la blanche alcôve, attira tout de suite l'attention des enfants, ils devinèrent sans mal qu'il s'agissait du Roi des Oiseaux du Paradis.

Les plumes de sa tête et de son cou ressemblaient à du velours. Au premier regard, elles étaient couleur lavande, mais ils remarquèrent qu'elles chatoyaient de différentes teintes à chacun de ses mouvements. Le reste de son corps, qui avait l'air d'être aussi couvert de velours, était d'un pourpre royal, qui évoluait en bleu puis en blanc sur sa poitrine. Quant aux plumes de ses ailes, elles étaient blanches sur leur longueur et dorées à leurs extrémités.

Mais le plus étonnant chez le Roi, c'étaient ces longues plumes semblables à des fougères sur son corps et sa queue, elles s'étalaient en courbes harmonieuses à sa droite et à sa gauche, si bien qu'il donnait l'impression de se tenir dans un écrin de beauté resplendissante. Ces plumes étaient de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, mises en valeur par la blancheur de l'alcôve, ravissant les yeux au-delà de toute description.

Étincelle et Bouboule étaient béats d'admiration, selon les instructions d'Ephel, ils se posèrent sur une des basses branches du buisson d'or et s'inclinèrent devant le souverain du Pays Enchanté des Oiseaux.

« Ah, qui donc avons-nous là ? » demanda celui-ci d'une voix douce, tout en se pavanant fièrement sur sa branche.

« Des étrangers, Votre Majesté, » répondit le Messager, « c'est le Gardien de L'Entrée qui vous les envoie, car ils sont gentils et innocents, de plus, ils ne sont pas tout à fait des oiseaux ni tout à fait des humains. »

« C'est vrai qu'ils sont très curieux, » remarqua le Roi, en examinant les têtes humaines sur des corps d'Alouettes. « Petits étrangers, puis-je vous demander comment en êtes-vous arrivés à avoir cet aspect ? »

En secouant la tête pour chasser une boucle de cheveux qui lui tombait dans les yeux, Étincelle se mit à raconte ce qui leur était arrivé, et non seulement le Roi, mais tous les autres Oiseaux de Paradis l'écoutèrent attentivement.

Quand elle eut terminé, le Roi s'écria :

« En effet, mes chers Enfant-Alouettes, vous êtes dignes d'être nos hôtes dans ce Pays Enchanté. Je voudrais que vous vous sentiez à votre aise, et j'espère que vous apprécierez votre séjour parmi nous. Mon peuple se fera un plaisir de vous rendre tous les honneurs et vous distraire, Ephel, quant à lui, vous guidera partout où vous voudrez aller. »

« Merci. » répliqua Étincelle avec enthousiasme, Bouboule ajouta sur un ton bourru : « très obligés. »

« Mais avant de partir, » continua Sa majesté, « dites-moi ce que vous pensez de ma royale personne, ne suis-je pas magnifique ? »

« En effet, » répondit Étincelle, « seulement... »

« Seulement quoi ? » demanda le Roi en voyant son hésitation.

« Seulement, ça me désole de vous voir si orgueilleux, à vous pavaner ainsi pour montrer à tout le monde à quel point vous êtes beau. »

« Pourquoi pas ? La vanité n'est elle pas une grande vertu ? » demanda le Roi d'un air surpris.

« Ma maman dit que les gens ne devraient pas se vanter d'être beaux, » dit la fillette, « chez nous, être orgueilleux, c'est une faute, on nous apprend plutôt à être modeste et sans prétention. »

« Incroyable ! » s'exclama le Roi, « votre mère est une inconsciente. Ici, nous pensons que si Dieu nous a faits beaux, c'est un péché de ne pas Lui rendre gloire en montrant à tout le monde la perfection dont Il est capable. Si j'essayais de faire croire aux autres, ou de me convaincre que je ne suis pas magnifique et que mon plumage n'est pas merveilleux, je serais coupable du péché de ne pas apprécier les faveurs de Dieu, et je mériterais d'être puni. »

Étincelle était stupéfaite, mais elle ne trouva pas les mots pour contredire ces idées singulières.

« Je ne voyais pas les choses comme ça, » répondit-elle, « peut-être ai-je tort, Votre Majesté, et c'est sûr que vous êtes très beau. »

« Pensez-y, » dit le Roi d'une manière gracieuse, « apprenez à être reconnaissants pour toutes les bonnes choses qui se présentent à vous, et fiers d'être un ornement de la Nature. C'est ainsi que se méritent de tels privilèges. Maintenant, le Messager Royal va vous faire visiter notre Paradis, et il tâchera de vous distraire le temps de votre séjour parmi nous. »

Sur ces mots, il se tourna de côté, agita ses longues ailes, dont les plumes se mirent à changer de teintes, ravissant le regard des observateurs. Mais aussitôt après, il se figea en s'écriant :

« Catastrophe ! Une des plumes de mes ailes a été dérangée. Vite, aidez-moi, mesdemoiselles ! »

Aussitôt, les Oiseaux bruns sur les branches basses, qui restaient discrets du fait que leur plumage manquait de couleur, volèrent vers le Roi et lissèrent adroitement ses plumes avec leurs becs, remettant celles de son aile en place, tandis que les autres oiseaux observaient la scène avec un grand intérêt.

Tandis que les Enfants-Alouettes suivaient le Messager, Bouboule fit cette remarque :

« J'suis content de pas avoir des plumes de luxe comme ça. »

« Pourquoi ? » demanda Étincelle, qui avait été plutôt impressionnée par la splendeur du Roi.

« Parce que ça me prendrait trop de temps pour les lisser, » répondit le petit garçon, « ce pauvre Roi est trop occupé à s'admirer lui-même, il a même pas le temps de s'amuser. »

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