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L'Agent Geai - 14

Un véritable Pays Enchanté

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Alors qu'ils quittaient l'alcôve royale garnie de fleurs blanches, le Messager tourna sur la gauche et guida ses hôtes à travers des avenues lumineuses d'arbres et de bosquets, dont l'écorce étaient bleue avec des feuilles jaunes. Les branches étaient parsemées de fleurs d'un rose délicat, en forme de coupes qui ressemblaient un peu à des liserons.

« Avez-vous faim ? » demanda Ephel.

« Je mangerais bien un morceau. » dit Bouboule.

Le Messager vola jusqu'à un arbre et se posa sur une branche, trois des fleurs roses en forme de coupes poussaient en rang. Les enfants le suivirent, ils se posèrent chacun devant une fleur et regardèrent à l'intérieur, elles étaient remplies d'une substance qui avait l'air délicieuse.

« C'est un mets royal, » dit leur guide, en picorant dans sa coupe avec son bec. « allez-y, mes petits, vous verrez, c'est très bon. »

Agent geai929« Eh bien, » dit Étincelle, « j'en mangerais avec plaisir, mais Bouboule et moi, on peut pas attraper grand-chose dans ces coupes avec notre nez. »

Ephel se tourna vers eux.

« C'est vrai, » remarqua-t-il, « j'aurais dû me rappeler que vous n'avez pas de becs. Comment faites-vous, d'habitude, pour manger ? »

« Avec des cuillères, des couteaux et des fourchettes. » dit la fillette.

« Vous n'avez qu'à demander ce dont vous avez besoin. » les assura le Messager Royal.

Étincelle hésita, ne sachant comment formuler la chose. Enfin, elle se décida à dire d'un ton résolu :

« Je souhaite que Bouboule et moi on ait des cuillères. »

À peine eut elle prononcé ces mots, que deux minuscules cuillères en or apparurent dans les fleurs en forme de coupes. Étincelle se saisit de la cullère qui se trouvait devant elle avec les doigts de sa patte arrière et goûta un peu de cette étrange nourriture, qui ressemblait un peu à de la charlotte russe1. Elle trouva cela délicieux, alors elle s'empressa de dévorer tout le contenu de la fleur.

À un moment, elle chercha Bouboule, mais il n'était plus là. Après avoir vidé sa coupe, il avait emmené sa cuillère jusqu'à une autre fleur, dans une branche plus haute, où la fillette le découvrit en train de se goinfrer autant qu'il pouvait de cette nourriture.

« Allons à un autre arbre, » suggéra Ephel, « il y a encore plein d'autres bonnes choses, il est plus agréable de varier sa nourriture que de toujours manger la même. »

« D'accord. » lança Bouboule, qui venait de terminer sa deuxième coupe.

En plein vol, Étincelle dit au guide :

« Je crois bien que ces fleurs vont rester vides un moment. »

« Oh, elles ne le resteront pas longtemps, » répondit Ephel, « si nous y retournions maintenant, je pense qu'on les retrouverait à nouveau pleines de nourriture. Mais voici les buissons à en-cas, allons goûter ces morceaux de choix. »

Les buissons sur lesquels ils se posèrent avaient des branches vertes portant une multitude de boules d'argent. Ephel frappa doucement l'une d'elles du bec, grâce à deux charnières, elle s'ouvrit aussitôt en deux moitiés qui s'aplatirent en forme d'assiettes. D'un côté, Étincelle trouva deux petits morceaux de gâteau, chacun d'eux assez gros pour rassasier un oiseau. De l'autre côté, il y avait une substance épaisse ressemblant à de la gelée.

« Voila comment on fait, » expliqua le guide, « il faut rouler un des morceaux de gâteau dans la gelée, puis le manger. »

Il montra à Étincelle la manière de s'y prendre, comme elle avait amené sa cuillère en or, cela fut assez facile. Ephel ouvrit une boule pour Bouboule, puis une pour lui-même, et les enfants trouvèrent cette nourriture encore meilleure que celle qu'ils avaient goûtée auparavant.

« Maintenant, nous allons nous goûter aux fruits. » déclara le Messager.

Il escorta ses protégés jusqu'à un verger, d'étranges arbres y poussaient, portant de nombreux fruits inconnus des Enfants-Alouettes. Il y en avait de toutes formes et de toutes les couleurs, certains brillaient comme de l'argent et de l'or, d'autres étaient rouge vif, bleu-azur ou d'un pourpre chatoyant. Il y en avait qui ressemblaient à du raisin, des pêches ou des cerises, mais leurs saveurs étaient très différentes de celles des fruits de l'extérieur.

Une autre chose intrigua les enfants ; dès qu'ils avaient fini un fruit, un autre apparaissait aussitôt à sa place. Ainsi, ils sautèrent d'une branche à l'autre et d'un arbre à l'autre, goûtant çà et là, jusqu'à ce que Bouboule s'écrie :

« Là, je peux plus rien avaler ! »

« Je crois bien qu'on s'est gavés tous les deux, Bouboule, » répondit la fillette, « mais ces choses sont tellement bonnes que c'est dur de s'arrêter. »

« Aimeriez-vous boire quelque chose ? » proposa Ephel.

« Volontiers. » répondit Étincelle.

« Alors, suivez-moi. »

Il les conduisit parmi des arbres somptueux, ils sillonnèrent des avenues qui suscitaient leur admiration, et franchirent des massifs de plantes aux feuilles grandes comme des parapluies aussi bariolées que des palettes de peintres. Le Paradis semblait avoir été conçu selon un plan harmonieux et symétrique, et bien que les avenues et les chemins entre les arbres et les plantes partaient dans toutes les directions, le sol au-dessous d'eux était couvert d'un épais matelas de fleurs, d'herbe ou de fougères, car les oiseaux ne marchaient jamais par terre, ils étaient toujours dans les airs.

Souvent, les fleurs les saluaient au passage par des chants et des chœurs, tandis que les plantes jouaient une douce musique en frottant ou en faisant tinter leurs feuilles les unes contre les autres, si bien que les oreilles des enfants étaient constamment emplies de mélodies, tandis que leurs yeux étaient comblés de riches couleurs, et à chaque souffle, ils humaient le délicieux parfum des fleurs qui abondaient partout.

« De tous les Pays Enchantés que j'ai vus dans les livres ou dont j'ai entendu parler » dit Étincelle, « c'est certainement le plus beau. »

« Il est génial, ce Pays Enchanté. » approuva Bouboule.

« Voici l'arbre à nectar. » annonça alors le Messager Royal, puis il se tut pour les laisser l'observer.

Cet arbre était tout en argent ; tronc, branches et feuilles, et au bout de chaque feuille coulaient des gouttes d'un liquide rose, elles étincelaient dans l'air avant d'étre absorbées dans un matelas de mousse argentée, qui recouvrait le sol tout autour.

Ephel se posa sur une branche et ouvrit le bec pour recueillir une goutte qui tombait. Étincelle et Bouboule suivirent son exemple, et ils s'aperçurent que ce liquide rose était, lui aussi, délicieux. Il étanchait leur soif et les rafraîchissait en même temps, et quand ils s'éloignèrent de l'arbre, ils avaient le cœur léger et aussi insouciant que peuvent l'être des cœurs d'enfants .

« Vous n'avez pas d'eau dans votre Paradis ? » demanda la petite Fille-Alouette.

« Bien sûr que si, » répondit Ephel « les Lys-Fontaines fournissent toute l'eau que nous voulons, et le Lac Brillant est assez grand pour que l'on puisse tous s'y baigner. Nous avons aussi le Lac d'Eau Sèche, contrairement au Lac Brillant dans les eaux sont humides. »

« Je croyais que toutes les eaux étaient humides. » dit Bouboule.

« Peut-être chez vous, » expliqua le Messager Royal, « mais dans notre Paradis, nous avons de l'eau sèche et de l'eau humide. Voulez-vous voir ces lacs ? »

« Avec plaisir. » répondit Étincelle.Agent geai930

1La charlotte russe, ou charlotte à la russe est un dessert inventé par le cuisinier français Antoine Carême. Il fut appelé aussi « charlotte à la parisienne » voir l'article Wikipédia sur la charlotte russe (NdT).

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