L'Agent Geai - 15

Le Lac d'Eau Sèche

<< 14 Un véritable Pays Enchanté - L'Agent Geai - 16 La danse de la Beauté  >>

Ils volèrent un moment à travers les jardins, puis ils arrivèrent à l'orée des arbres, où ils trouvèrent une étendue d'eau d'une couleur verdoyante. Sur la berge, il y avait des buissons qui chantaient une douce mélodie quand ils étaient agités par le vent.

« Ceci, » annonça leur guide, « est le Lac d'Eau Sèche. »

« Pourtant, l'eau a l'air humide. » dit Bouboule, d'un air incrédule.

« Pourtant, elle ne l'est pas, » déclara Ephel, « regardez moi bien, s'il vous plait. »

Il plana brièvement au-dessus du lac, puis il plongea et disparut sous la surface. Quand il remonta, il secoua les gouttes d'eau de son plumage et rejoignit ses hôtes.

« Voyez, » dit-il, « mes plumes sont parfaitement sèches. »

Agent geai931Ils constatèrent qu'il disait vrai. Puis Bouboule décida de se baigner à son tour dans l'Eau sèche, et il plongea dans le lac. Quand il remonta à la surface, il se laissa flotter un moment, puis il trempa la tête plusieurs fois et il revint vers les autres, pas un seul cheveu ni une seule plume de son petit corps brun n'était mouillé.

« C'est chouette comme eau, » dit le Garçon-Alouette, « je pense que vous autres, les Oiseaux de Paradis, vous vous baignez tout le temps ici. »

« Non, » répondit Ephel, « il n'y a qu'avec de l'Eau Humide que l'on peut se laver et se rafraîchir. Nous prenons notre bain quotidien dans le Lac Brillant, mais nous venons ici pour naviguer et folâtrer, car c'est bien pratique de ne pas être mouillé en s'amusant dans l'eau. »

« Comment naviguez-vous ? » demanda Étincelle, intriguée.

« Je vais vous montrer. » répondit leur guide.

Il vola jusqu'à un grand arbre qui portait de larges feuilles incurvées, il en détacha une de son bec. Le vent la fit voler vers le lac, et elle se posa doucement sur l'eau.

« Venez donc à bord, je vous prie. » leur dit-il en montant sur l'embarcation. Étincelle et Bouboule le suivirent, l'un se percha devant leur guide, l'autre derrière. Puis Ephel étendit ses ailes blanches et oranges comme des voiles, et le vent se mit à les pousser lentement, faisant glisser leur singulière embarcation à la surface d'Eau Sèche.

Agent geai932« Des fois, quand il y a plus de vent, » dit le Messager Royal, « ce genre de frêle esquif se renverse et nous tombons à l'eau. Mais ça n'a aucune importance, puisque l'eau est sèche et nous ne sommes pas obligés de remettre nos plumes en place. »

« C'est bien pratique, » observa Étincelle, qui appréciait beaucoup cette balade aquatique, « est-ce qu'on peut se noyer dans ce lac ? »

« Je pense qu'un animal, comme l'homme, par exemple, pourrait s'y noyer, car il est aussi impossible de respirer sous l'eau sèche que sous l'eau humide. Mais il n'y a que des oiseaux qui vivent ici, et ils ne peuvent pas se noyer, parce que sitôt qu'ils touchent la surface, ils s'envolent. »

« Je vois. » répondit Étincelle d'un air rêveur.

Ils naviguèrent à travers le lac, et comme le vent était doux, ils ne se renversèrent pas. En atteignant la berge opposée, ils abandonnèrent leur feuille-esquif et repartirent en volant à travers les allées.

Le Paradis comportait une grande variété de paysages, et partout où ils allaient ils étaient sûrs de voir quelque chose de nouveau.

À un endroit, l'allée était couverte d'un tapis de grandes pensées de toutes les couleurs possibles, certaines d'entre elles ayant un mélange de teintes sur leurs pétales. Alors qu'ils passaient au-dessus, Étincelle entendit un chœur de rires joyeux, en regardant en bas, elle s'aperçut que les pensées avaient des visages ressemblant à des visages d'enfants.

« Attendez un peu, » cria-t-elle à Bouboule et au guide, puis elle descendit jusqu'à mieux distinguer les visages. Ils souriaient en balançant leurs têtes vers la Fille-Alouette, et ils riaient gaiement, mais quand elle leur parla, elle s'aperçut qu'ils étaient incapables de dire le moindre mot.

La plupart de ces visages étaient ravissants, mais certains avaient expression effrontée et impertinente, quelques-uns mêmes la regardaient avec des yeux pleins de malice. Tous avaient l'air gais et heureux dans leur paradis, alors Étincelle embrassa tendrement un des visages qui lui sourit en retour, et elle rejoignit ses compagnons d'un coup d'ailes.

Agent geai933

<< 14 Un véritable Pays Enchanté - L'Agent Geai - 16 La danse de la Beauté  >>

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

 

×