L'Agent Geai - 18

Bonnes nouvelles

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Ephel et les enfants prirent congé de leur sympathique hôtesse, la Reine des Abeilles, et la remercièrent pour sa gentillesse. Le Messager les conduisit à un autre endroit, plus loin, qu'il appelait aussi une banlieue, ils émergèrent d'un épais taillis dans un deuxième jardin fleuri, l'air était empli d'une nuée de papillons, il y en avait de toutes les couleurs et de toutes les tailles.

Étincelle et Bouboule avaient déjà vu des beaux papillons, mais jamais aussi beaux que ceux-ci, et jamais autant en même temps. Les ailes de certains étaient aussi grandes que celles du Messager Royal, même quand il les étendait au maximum, et elles étaient encore plus bariolées que celles de la queue du paon le plus orgueilleux.

Les papillons ne prêtaient aucune attention à leurs visiteurs, ils continuaient à voleter de fleur en fleur. Bouboule posa une question à l'un d'eux, mais il n'eut aucune réponse.

« Ils peuvent pas parler ? » demanda-t-il à Ephel.

« Si, » dit le Messager, « ils savent tous parler, mais quand ils le font, c'est pour dire des choses insipides. Pour la plupart, ce sont de petites créatures stupides et sans cervelle, leur seul intérêt, c'est d'être agréables à regarder. Le Roi aime admirer les éclats de couleurs qu'ils produisent en volant, c'est pourquoi il les autorise à vivre dans cet endroit. Ils sont très heureux ici, car il n'y a personne pour les attraper et leur planter une épingle dans le dos.

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À ce moment-là, des sonneries de cloches résonnèrent au loin, le Messager Royal écouta attentivement, puis il dit :

« C'est Sa Majesté le Roi qui me demande, nous devons retourner tout de suite au palais. »

Ils repartirent dans les airs et entreprirent de traverser les jardins et d'emprunter les avenues d'arbres parés de joyaux, les vergers odorants et les bosquets, jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'alcôve royale de fleurs blanches.

Les Enfants-Alouettes y pénétrèrent avec leur guide, ils y retrouvèrent le sublime Roi des Oiseaux, toujours en train de se pavaner sur la plus haute branche du buisson d'or, se repaissant des regards admiratifs des courtisans et des dames de sa famille. Il se retourna quand les enfants arrivèrent, puis il s'adressa à son Messager :

« Eh bien, mon cher Ephel, as-tu montré toutes les merveilles de notre pays à ces étrangers ? »

« Presque toutes, Votre Majesté. » répondit Ephel.

« Alors, qu'en pensez-vous ? » demanda le Roi en se tournant vers les Enfants-Alouettes.

« Je crois que c'est le plus bel endroit du monde ! » s'écria Étincelle avec enthousiasme.

Sa Majesté avait l'air ravi.

« Dommage que vous ne puissiez vivre ici. » dit-il.

« Je trouve pas, » déclara Bouboule, « c'est trop joli, à la fin, j'en aurais marre. »

Craignant que cette réflexion indélicate n'offense l'aimable Roi, Étincelle s'empressa d'ajouter :

« Il veut dire qu'il n'est pas vraiment un oiseau, mais un petit garçon forcé de vivre dans un corps d'oiseau. Votre Majesté est suffisamment avisée pour comprendre que cette vie que vous menez dans votre Paradis ne conviendrait pas à un enfant humain. »

« Bien sûr, » répondit le Roi, « la vie d'un enfant humain doit être terrible. »

« Ben moi, ça me va. » dit Bouboule.

Le Roi le regarda avec curiosité.

« Vous préférez vraiment retrouver votre ancienne forme, et cesser d'être un oiseau ? » demanda-t-il.

« Si je peux, oui. » répondit Bouboule.

« Alors je vais vous dire comment faire, » dit le Roi, « depuis que vous m'avez conté votre étrange histoire, j'en ai parlé à mon Nécromancien Royal, qui s'y connait en magie, spécialement à propos de la Tuxix qui vous a traitreusement transformés dans la forêt. Il m'a dit qu'il vous faut trouver des Baies Amères et les manger, vous regagnerez ainsi votre forme naturelle. C'est le seul antidote capable d'annuler le sort que vous a jeté la Tuxix. »

« C'est quoi des Baies-Amères ? » demanda Étincelle avec grand intérêt.

« Je ne sais pas, ce sont des baies ordinaires de la forêt, elles n'existent pas dans notre Paradis. Mais vous trouverez assez facilement un buisson où elles poussent, quand vous retournerez dans le monde extérieur. »

Les enfants avaient tous deux hâte de partir chercher les Baies Amères, mais ils ne purent se montrer impolis en partant tout de suite, car le Roi leur annonça qu'il avait préparé une fête en leur honneur.

Ils allèrent se percher sur une branche en or, à côté de leur ami Ephel, tandis que sur un signe de tête du Roi, une multitude d'Oiseaux de Paradis surgirent dans l'alcôve, ils exécutèrent un ballet aérien étourdissant ; volant en cercles, en spirales, en triangles et en carré, tout cela au son d'une douce mélodie interprétée par des musiciens invisibles. Les couleurs vives de leurs ailes éblouissaient presque les Enfants-Alouettes, mais la performance ne dura que quelques minutes, puis les oiseaux sortirent sur un rang.

Ensuite, les petites dames oiseaux au plumage brun dansèrent gracieusement sur le parterre de fleurs, leurs pattes délicates les effleurant à peine. Puis les fleurs elles-mêmes entonnèrent un chant émouvant en chœur, une fois qu'elles eurent fini, le Roi proposa des rafraîchissements.

Aussitôt, une rangée de fleurs en forme de clochettes apparurent sur le buisson d'or, une pour chaque oiseau présent, elles étaient emplies d'une délicieuse crème glacée aussi fraîche que si l'on venait de la sortir du freezer. Étincelle et Bouboule demandèrent des cuillères, et elles apparurent instantanément, mais tous les autres dégustèrent la crème avec leurs becs.

Le Roi avait autant l'air de se régaler que le reste de l'assistance, Étincelle remarqua que les fleurs disparaissaient de la branche dès qu'elles étaient vides.

Les Enfants-Alouettes remercièrent de tout cœur ce Roi magnifique et orgueilleux pour sa gentillesse, surtout pour leur avoir parlé des Baies Amères, et une fois qu'ils eurent fait leurs adieux, Ephel les reconduisit à l'arbre où les attendaient le Gardien de l'Entrée et leur fidèle ami, l'Agent Geai.

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