L'Agent Geai - 19

Les rebelles

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Le Geai les accueillit chaleureusement.

« Ça vous a plu, le Paradis ? » leur demanda-t-il.

« Beaucoup ! » s'exclama Étincelle, « mais c'est dommage que vous étiez pas avec nous. »

« Ce n'est pas grave, » répondit l'Agent d'un ton joyeux, « j'ai admiré le panorama depuis cet arbre, et j'ai discuté avec mon bon ami, le Gardien, il m'a donné des conseils très utiles, vous voyez, je ne me suis pas ennuyé pendant votre absence. »

Les enfants remercièrent Ephel pour toutes ses attentions, le Messager Royal affirma être ravi que le Roi lui ait permis de s'occuper d'eux. Ils remercièrent aussi le Gardien de l'Entrée au vert plumage, puis ils quittèrent l'arbre d'or, accompagnés de l'Agent Geai, et entreprirent leur voyage de retour vers la forêt.

Cela ne présenta aucune difficulté, le vent les poussait avec force, ils devaient donc se laisser porter à grande vitesse jusqu'au cœur de la forêt. Par la suite, le vent faiblit et enfin s'estompa complètement, si bien qu'ils durent recommencer à voler pour finir le trajet.

On était à la moitié de l'après-midi, et l'Agent dit :

« J'espère que tout a été calme pendant mon absence, il y a tellement d'éléments perturbateurs parmi les oiseaux de la forêt, que je crains toujours de les laisser sans surveillance plusieurs heures d'affilées. »

« Je suis sûre qu'ils se sont bien tenus, » répondit Étincelle, « ils ont tellement peur de vous que les oiseaux malfaiteurs n'oseraient jamais faire quoi que ce soit de mal. »

« C'est vrai, » approuva l'Agent, « ils savent très bien que je n'admets aucune incartade, et que je m'efforcerai toujours de faire appliquer la loi. »

Ils approchaient maintenant la partie de la forêt où ils vivaient, l'Agent avait à peine fini de parler, qu'ils entendirent de grands battements d'ailes dans les arbres, puis ils virent une bande de grands Corbeaux-Freux1 voler à leur rencontre.

À leur tête se trouvait un individu à l'allure arrogante, il avait un casque de Policier sur sa tête,, ainsi qu'une matraque sous son aile. L'Agent Geai poussa un cri de colère en voyant cela, et il se précipita à leur rencontre.

« Quelle est cette mascarade, bande de fripouilles ? » les questionna-t-il d'une voix féroce.

« Du calme, mon petit monsieur, » répliqua le Freux avec un rire narquois, « soyez poli, ou je vous donne un coup sur la tête ! »

Ceux qui le suivaient poussèrent des piaillements réjouis à ces paroles impudentes, ce qui incita le faux agent de police à se pavaner encore plus.

Non seulement le Geai était stupéfait par cette rébellion, mais il était fou furieux.

« C'est mon casque et ma matraque, » dit-il d'un ton rageur, « où les avez-vous eus ? »

« Dans votre nid, bien sûr, » rétorqua l'autre, « nous sommes tombés d'accord ; jusque-là, nous n'avions qu'un misérable Geai comme Agent de Police, ça fait trop longtemps que ça dure, alors les Freux m'ont élu à votre place. Je vais vous mater, ainsi que tous les oiseaux, et vous m'obéirez, je peux vous l'assurer ! Si vous faites ce que je dis tout ira bien, sinon, je vous frappe avec votre propre matraque jusqu'à ce que vous vous soumettiez. »

Les Freux accueillirent ce discours par un chœur de croassements, en voyant leur nombre et leur taille, la plupart aussi grands que lui, sinon plus, le Geai décida de ne pas se risquer à les affronter directement, mais plutôt de prendre le temps de réfléchir à ce qu'il convenait de faire.

« Je vais convoquer les autres oiseaux, » dit-il au Freux, « nous réfléchirons à la question entre nous. »

« Ça ne vous servira à rien, nous autres, les Freux, avons déjà pris notre décision, celle de diriger la forêt, si les oiseaux osent s'opposer à nous, nous les combattrons pour les forcer à nous servir. Que comptez donc vous faire ? »

« J'y réfléchirai. » dit l'Agent Geai.

« Ouuuh ! Ouuuh ! Quel trouillard ! » s'écrièrent les Freux, l'un d'eux ajouta :

« Venez vous battre, si vous l'osez ! »

« Je me battrai contre votre faux Agent ou n'importe lequel d'entre vous. » répliqua le Geai.

« Non, si vous vous battez, ce sera contre nous tous en même temps. » répondirent ils.

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Le Geai savait qu'il serait stupide de faire ça, alors il se tourna vers les Enfants-Alouettes et leur murmura :

« Suivez-moi, volez aussi vite que vous pourrez. !»

Il fila comme une flèche dans le ciel, suivi d'Étincelle et Bouboule, quand les Freux furent revenus de leur surprise, ils étaient déjà loin.

Alors les gros oiseaux noirs se lancèrent à leur poursuite en poussant des cris de rage, mais comme ils ne volaient pas aussi vite que le Geai et les Alouettes, ils durent y renoncer.

Une fois qu'il fut certain d'avoir semé les Freux, l'Agent Geai entra à nouveau dans la forêt, puis il se rendit auprès des oiseaux pour les convoquer à une réunion ; ils obtempérèrent sans tarder. Tous furent indignés en apprenant la rébellion des Freux, et les humiliations qu'ils avaient fait subir à leur officier élu dans les règles. Le Juge Bouvreuil arriva avec un bandage de duvets sur la tête, car il avait affaire au Policier Freux, et pour avoir exprimé sa désapprobation, il avait reçu de violents coups de matraque.

« Que pouvons-nous faire ? » demanda-t-il, « les Freux sont une tribu puissante, les Pies, les Coucous et les oiseaux noirs sont capables de prendre leur parti s'ils leur semblent plus forts que nous. »

« Nous devrions nous réunir et leur tomber dessus tous en même temps, ainsi, nous pourrions en venir à bout. » suggéra un Loriot.

« L'ennui, avec ce plan, c'est que nous ne pouvons compter que sur les oiseaux les plus petits, les grands risquent de nous laisser tomber, alors nous n'avons aucune chance. »

« Nous ferions peut-être mieux de nous soumettre aux Freux, » dit une petite Mésange à tête noire en tremblant, « nous ne sommes pas des guerriers, et si nous obéissons à nos nouveaux chefs, peut-être qu'ils nous laisseront tranquilles. »

« Certainement pas ! » s'écria une Linotte, « si nous nous soumettons, ils penseront que nous avons peur et ils nous traiteront cruellement. Je connais bien ces Freux, et je pense que la seule chose qui peut les maitriser, c'est une force plus grande que la leur. »

« Écoutez-moi, mes amis, » intervint le Geai, qui avait réfléchi en silence tout ce temps, « j'ai un plan pour vaincre ces rebelles, et je pense qu'il va fonctionner. Mais pour cela, je dois accomplir un long voyage. Retournez tranquillement à vos nids, retrouvez-moi à l'Arbre du Jugement dès l'aube demain matin. Demandez à vos amis de venir, car nous devons préserver notre liberté, ou bien être esclaves à jamais de ces Freux. »

Sur ces mots, il s'éleva dans les airs et partit vers sa destination.

Les autres oiseaux le regardèrent s'éloigner avec anxiété.

« Nous ferions de suivre son conseil, » dit le Juge Bouvreuil après un moment de réflexion, « le Geai est compétent et il a beaucoup d'expérience. D'ailleurs, depuis que nous en avons fait notre Agent de Police, il a toujours été juste et honorable, nous pouvons lui faire confiance dans ces circonstances dramatiques. »

« Nous n'avons pas le choix, » répondit un Rouge-Gorge, à cette remarque pertinente, les oiseaux se dispersèrent calmement et regagnèrent leurs nids, où ils attendirent la réunion du matin suivant.

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1Voir l'article Wikipédia sur le corbeau freux (NdT).

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