L'Agent Geai - 4

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Étincelle et Bouboule tendirent leurs petits cous pour voir ce qui se passait, peu après, ils assistèrent au plus fabuleux spectacle que pouvait offrir la forêt ; une procession d'oiseaux multicolores qui habitaient dans les arbres.

Ils volaient par paires, les uns derrière les autres, et leur bon ami l'Agent Geai se trouvaient à leur tête, il était coiffé d'un casque et portait une matraque sous son aile. Le casque était noir et brillant, avec un grand chiffre 1 sur le devant et une courroie bouclée sous son bec pour la maintenir en place. Quant à la matraque, elle était retenue par une lanière sous son aile afin qu'il ne la perde pas en volant.

Il y avait des oiseaux de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Certains étaient plus grands que le Geai, mais aucun n'avait aussi fière allure que lui, et tous se soumettaient de bonne grâce au Gardien de la Forêt.

Étincelle et Bouboule s'inclinèrent courtoisement.

« Alors ? » croassa un Corbeau d'une voix rauque, « je vais devoir attendre toute la journée pour qu'on me présente ces misérables petits machouilleurs ? »

« Tiens-toi tranquille ! » lui cria l'Agent Geai d'un ton autoritaire.

« Et si j'en ai pas envie ? » rétorqua l'autre.

Si rapidement que les enfants n'eurent pas le temps de voir ce qui se passait, ils entendirent la matraque cogner la tête du corbeau.

« Croa ! Croa ! Croa ! À l'aide ! Au meurtre ! » s'écria le grand oiseau, avant de s'envoler au loin aussi rapidement que le lui permettaient ses ailes décharnées.

« Laissez-le, » dit un adorable Oiseau-Moqueur, « ce voyou est toujours en train de perturber nos réunions, il ne manquera à personne s'il ne revient pas. »

« Il n'a aucun savoir-vivre. » ajouta une Sittelle, en haussant ses ailes d'un air condescendant.

Le Policier remit sa matraque sous son aile et reprit le cours des présentations ; ce fut le tour des Passereaux et des Linottes, puis des petites Mésanges à l'aspect comique, des Loriots, des Goglus, des Grives, des Étourneaux et des Engoulevents, ces derniers avaient l'air endormis, car, comme ils l'expliquèrent, ils étaient rentrés tard la nuit dernière.

Ces oiseaux plus petits étaient perchés en rang sur les branches à côté d'Étincelle et Bouboule, mais sur de plus grosses branches leur faisant face, étaient installés des rangs d'oiseaux bien plus gros, les regards perçants qu'ils leur lançaient de leurs yeux ronds et brillants les mettaient mal à l'aise. Il y avait des Corneilles, des Coucous, des Pies, des Gros-Becs¹ et des Pigeons tous presque aussi grands et impressionnants que l'Agent-Geai, certains avaient même l'air plus forts que lui, c'était étonnant de les voir ainsi soumis à son autorité. Mais l'Officier gardait un œil vigilant sur eux, afin d'éviter qu'ils tentent de jouer un mauvais tour, ils devaient avoir peur de lui, car ils se tenaient tous tranquilles depuis le départ de l'impertinent Corbeau. Même les Pies bavardes tinrent leur langue, et les Corneilles ne commirent d'exaction plus grave que d'essayer de faire tomber les Pigeons de la branche.

Plusieurs Oiseaux-Mouches se tenaient dans les airs au-dessus de cette assemblée, leurs corps étaient absolument immobiles, tandis que leurs ailes minuscules battaient si rapidement que les enfants ne pouvaient les distinguer.

Une fois que l'Agent-Geai eut fini les présentations, il raconta la mésaventure des Enfants-Alouettes aux autres oiseaux, leur expliquant comment la méchante Tuxix leur avait donné leur forme actuelle.

« Pour l'honneur de notre espèce, » dit-il, « chacun d'entre nous doit veiller sur ces petits étrangers, et prendre garde qu'il ne leur arrive aucun mal dans notre forêt. Vous devrez jurer de bien les traiter en toutes circonstances, et si l'un d'entre vous s'avise de violer son serment, il devra livrer un combat à mort contre moi... et vous savez très bien ce que ça signifie. »

« On sait, » lança une Pie avec un rire amer, « tu vas nous traiter comme tu as traité Jim Crow², pas vrai ? »

Le Policier ne releva pas la remarque, mais les autres oiseaux avaient tous un air grave, et ils promirent de prendre soin des Enfants-Alouettes. Une fois cette cérémonie achevée, ils se détendirent et se mirent à bavarder gaiment, ainsi, Étincelle et Bouboule cessèrent d'avoir peur d'eux et apprécièrent leur compagnie.

¹Il s'agit vraisemblablement du Gros-bec errant, une espèce d'oiseaux granivores d'Amérique du Nord, voir l'article Wikipédia (NdT).

²Voir Jim Crow, le bandit dans les Contes d'Étincelle (NdT).

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