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L'Agent Geai - 9

Les destructeurs

<< 8 Madame Bouh - L'Agent Geai - 10 Dans le nid de l'Aigle >>

Il y eut un grand cri, suivi d'un bruit d'explosion qui résonna comme le tonnerre à travers la forêt, et tira les Enfants-Alouettes de leurs rêves.

Ouvrant brusquemment les yeux, ils virent l'aube grise en train de se lever, la faible luminosité permettait néanmoins de distinguer les choses, bien qu'elle ne fut pas aussi claire qu'en plein jour. Les ombres occupaient encore les buissons et les branches, mais on voyait parfaitement entre les arbres.

Réveillés brutalement par ce tintamarre, les enfants percevaient des aboiements de chiens, des cris d'hommes en train de les appeler, et le hurlement d'un animal en détresse. Soudain, ils sentirent comme un coup de vent, c'était la Chouette grise qui venait se poser à côté d'eux.

« Ils l'ont eue ! » s'écria-t-elle d'une voix tremblante, « les hommes ont abattu Madame Opossum, et maintenant, les chiens sont en train de déchiqueter ses quatre petits ! »

« Où sont ils ? » demanda Étincelle à voix basse, son petit cœur battait à tout rompre, comme si ces destructeurs avaient toujours été ses pires ennemis. »

« Juste en dessous de nous. N'est-ce pas horrible ? Nous avions passé une si bonne soirée ensemble, Madame Opossum était tellement attendrissante avec ses petits quand elle les nourrissait ! Alors que l'on s'apprêtait à retourner chez nous, les chiens ont surgi devant elle et les hommes lui ont tiré dessus. À ce moment là, jamais nous n'aurions soupçonné la présence de nos ennemis dans la forêt. »

Étincelle et Bouboule tendirent le cou au dessus du bord du nid pour regarder en bas. Ils virent un homme et un jeune garçon avec deux gros chiens, ceux-ci grognaient férocement en se disputant une pauvre chose sanglante, qu'ils déchiraient impitoyablement de leurs crocs.

« Attention ! » s'écria Wisk, l'Écureuil, « il est en train de vous viser ! »

Ils rentrèrent la tête à temps, quelqu'un venait de tirer au fusil en dessous d'eux.

« Ooooh ! » gémit Madame Bouh en se débattant à côté d'eux, « ils m'ont touchée, en plein cœur. Adieu, très chers, rappellez vous, tout n'est.... qu'amour, tout... n'est... qu'amour ! »

Agent geai920Sa voix s'éteignit dans un soupir, et elle bascula de la branche. Étincelle et Bouboule tentèrent de retenir leur amie, mais la Chouette grise était trop lourde, elle finit par glisser lentement et tomber sur le sol avec un bruit sinistre.

Aussitôt, Étincelle sauta du nid et descendit en voletant. Elle atterrit à côté du corps frémissant de la Chouette. Un gros chien bondit dans sa direction, tandis que l'homme derrière lui rechargeait son fusil.

« Rappelez votre chien ! » hurla-t-elle d'une voix hystérique, « pourquoi vous tuez ces pauvres oiseaux qui vous ont rien fait ? Rappelez votre chien, je vous dis ! »

Mais ses paroles sonnaient étrangement dans ses propres oreilles, elles ressemblaient plus à un pépiement d'oiseau qu'à un langage humain. Le chasseur ne l'entendit pas, ou ne comprit pas ce qu'elle disait, et le chien courait vers elle en grondant et en montrant ses dents pointues.

Étincelle était trop terrifiée pour bouger, elle regardait le monstre s'approcher d'elle, il l'avait presque atteinte quand une forme sombre tomba du ciel à la vitesse de l'éclair, elle s'agrippa sur le dos du chien et lui arracha la peau de ses serres, tandis qu'elle lui perçait le crâne de son bec puissant.

Le chien mourut sur le coup et son corps s'affala avec des convulsions. L'homme poussa un cri de colère et se jeta sur l'immense oiseau qui avait tué sa bête, tenant son fusil par le canon et l'agitant comme un bâton.

« Vite ! » dit l'Aigle à Étincelle, « suivez moi, dépêchez vous ! »

Sur ces mots, il s'élança dans les airs et Étincelle le suivit, Bouboule, qui avait tout vu de son nid, les rejoignit juste à temps, le jeune garçon venait de tirer dans leur direction avec son fusil.

L'Écureuil, toujours aussi curieux, avait sorti sa tête pour voir ce qui se passait, et l'un des plombs le toucha à la poitrine. Bouboule le vit tomber à la renverse dans son trou et entendit ses cris d'agonie, mais il ne pouvait pas aider son pauvre ami. L'instant d'après, il avait rejoint l'Aigle et Étincelle, et il vola le plus vite possible, autant que ses bonnes ailes d'Alouette le pouvaient, tout là haut vers le ciel bleu.

Ils sentirent les rayons du soleil, tandis qu'en dessous, la forêt tragique restait dans l'obscurité.

« Nous sommes à l'abri, ici, leurs armes ne peuvent pas nous atteindre, » dit l'Aigle, « planons un moment sur nos ailes pour nous reposer. Quelle chance que je sois passé par là, mes petits amis. »

« Je vous suis très reconnaissante, » répondit Étincelle, en gardant ses ailes déployées pour flotter à côté de son sauveur, « vous seriez arrivé un instant plus tard, le chien m'aurait tué. »

« C'est vrai, » répondit l'Aigle, « j'ai vu que vous étiez en danger depuis les airs, j'ai donc décidé d'agir vite, bien que j'aurais pu me faire tuer par l'homme si son fusil avait été chargé. Mais j'ai souvent remarqué qu'un acte téméraire est souvent couronné de succès, car il provoque la surprise, et l'adversaire est désemparé. »

« J'ai honte de ces gens, » dit Bouboule d'un air dégoûté, « de quel droit ils viennent dans la forêt pour tuer la jolie Chouette, le petit Écureuil et la pauvre maman Opossum avec ses enfants ? »

« Le droit du plus fort, » répondit calmement l'Aigle, « ce serait merveilleux, un monde où ils n'y aurait pas de destructeurs, mais la terre, les airs et les eaux deviendraient tellement peuplés qu'il n'y aurait plus de place pour tout le monde, ne blâmez donc pas les humains. »

« Mais ils sont cruels, » protesta Étincelle, « ils tuent d'innocents animaux sans défense, au lieu de s'en prendre à ceux qui sont nuisibles. »

« La cruauté est dans la nature humaine, » répondit l'Aigle, « de toutes les créatures, les humains, les tigres et les serpents sont les plus cruelles, nous n'avons aucune pitié à attendre d'eux. Bon, maintenant, que faisons nous ? À mon avis, le mieux pour vous serait de quitter cette forêt jusqu'à ce que les hommes soient partis. En attendant, aimeriez vous venir chez moi, pour que je vous présente mon épouse et mes enfants ? »

« Bien sûr ! » s'écria Étincelle, « si ça ne vous dérange pas. »

« Ce sera avec un grand plaisir, » répondit l'Aigle, « suivez moi s'il vous plait. »

Il se remit à voler, avec les enfants à ses côtés. De temps en temps, en dessous d'eux, ils remarquaient une lueur rosée venant d'un certain endroit de la forêt.

« C'est quoi, ça ? » demanda Bouboule.

« C'est là que se trouve le Paradis des Oiseaux, comme on l'appelle, » répondit leur guide, « on dit que c'est le plus bel endroit du monde, mais il n'y a que les Oiseaux de Paradis qui ont le droit d'y vivre. Quelques fois, ces oiseaux privilégiés entrent dans notre partie de la forêt, mais nous n'avons pas le droit d'entrer dans la leur. »

« J'aimerais bien y aller. » dit Étincelle.

« Vous deux, Enfants-Alouettes, êtes différents des autres oiseaux, » remarqua l'Aigle, « peut-être que vous pourriez être autorisés à visiter le Paradis qui nous est interdit. Si je rencontre un des magnifiques oiseaux qui y vivent, je lui demanderai de vous accorder ce privilège. »

« Oh oui ! » s'écrièrent Étincelle et Bouboule avec enthousiasme. Ils volèrent un long moment, haut dans le ciel, mais aucun des deux Enfants-Alouettes ne ressentit de fatigue. Cependant, ils ne volaient pas aussi vite que l'Aigle, qui ralentissait son allure pour qu'ils puissent le suivre.

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