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La Clef-Maîtresse - 4

Rob essaie les instruments

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The master key 4 1

Imaginez si c'était arrivé à un adulte, à l'idée d'avoir actionné la Clef-Maîtresse de la plus grande force de la nature, d'avoir fait face au terrible Démon de l'Électricité, et de se retrouver en possession d'objets aussi fabuleux, il aurait sûrement paniqué. Mais un enfant prend les choses comme elles viennent ; à mesure que l'arbre de la connaissance croît en lui, de nouvelles expériences se déploient, finissant par émousser sa faculté de s'étonner. Il en faut beaucoup pour surprendre un enfant.

Rob se réjouissait de cette chance inattendue, sans pour autant perdre de vue les circonstances où il avait acquis ces merveilles, et qui étaient pour le moins singulières. Il en éprouvait un sentiment de fierté, il allait pouvoir surprendre ceux qui s'étaient moqués de sa marotte pour l'électricité, ils allaient être obligés de le respecter, maintenant. Il avait décidé de ne rien dire sur le Démon ni sur la Clef-Maîtresse. Il allait bien s'amuser en exhibant ses acquisitions à ses amis, et surtout en voyant leurs mines stupéfaites.

Il mit ses trésors dans sa poche, ferma son atelier à clefs et descendit se préparer pour le dîner.

Pendant qu'il se brossait les cheveux, il se souvint qu'il n'avait plus besoin de consommer de la nourriture ordinaire. À ce moment là, il avait une faim de loup, comme tous les enfants de son âge, son appétit était grand. Il sortit la boîte d'argent de sa poche, y prit une pilule, l'avala et aussitôt, son appétit fut comblé, comme s'il avait dévoré tout un repas. En même temps, un flot d'énergie parcourut tout son corps, lui procurant un sentiment de bien-être et une clarté d'esprit exceptionnelle.

Néanmoins, il entra dans la salle à manger quand sonna la cloche, et il trouva son père, sa mère et ses sœurs déjà assis à table.

« Où donc étais tu toute la journée ? » lui demanda sa mère. 

« Pas besoin de demander, » dit Monsieur Joslyn avec un petit rire, « en train de faire des expériences sur l'électricité, c'est évident ! » 

« Je souhaite de tout mon cœur, » dit la mère d'un ton acerbe, « que cette manie finisse par lui passer, si çà continue, il ne saura rien faire d'autre. » 

« Justement, » répondit son mari, en servant la soupe, « il saura faire des choses qui le rendront célèbre. Il peut bien passer ses vacances d'été à parfaire ses connaissances, au lieu de courir à gauche et à droite comme les enfants ordinaires. » 

« Pas de soupe, merci. » dit Rob. 

« Quoi ? » s'exclama son père en le regardant avec surprise, « c'est ta soupe préférée. » 

« Je sais, » répondit calmement Rob, « mais je n'en veux pas. » 

« Es tu malade, Robert ? » lui demanda sa mère. 

« Je ne me suis jamais senti mieux de ma vie. » répondit Rob avec sincérité. 

Néanmoins, Madame Joslyn avait l'air inquiète, et quand son fils refusa du rôti, elle fut vraiment alarmée.

« Laisse moi tâter ton pouls, mon pauvre garçon ! » lui intima-t-elle, et elle fut surprise le trouver si régulier. 

En fait, tout le monde fut surpris par le comportement de Rob. Il était resté assis pendant tout le repas sans rien manger, mais il avait l'air de bien se porter physiquement autant que mentalement, tandis que ses sœurs l'observaient d'un air perplexe.

« Je crois qu'il a travaillé trop dur. » dit Monsieur Joslyn en secouant tristement la tête. 

« Pas du tout, » le contredit Rob, « mais à partir de maintenant, j'ai décidé de ne plus rien manger. C'est une mauvaise habitude, qui fait plus de mal que de bien. » 

« Attends d'être au petit-déjeuner, » dit sa sœur Hélène en ricanant, « tu seras mort de faim d'ici là. » 

Le lendemain matin, le garçon ne voulut pas prendre de petit-déjeuner non plus, l'effet de la pilule durait vingt-quatre heures. Il inquiéta de nouveau sa famille en refusant de les rejoindre à table.

« Si çà continue, » dit Monsieur Joslyn à son fils, quand le petit-déjeuner fut terminé, « je vais t'envoyer quelque part pour te faire soigner. » 

« Je compte faire un petit voyage, ce matin. » annonça Rob de manière toute impromptue. 

« Où çà ? »  

« Peut être à Boston, Cuba ou la Jamaïque. » répondit le garçon.  

« Mais tu ne peux pas aller aussi loin, » dit son père, « il n'y a personne pour t'accompagner, et je n'ai pas le temps de réunir l'argent nécessaire à un tel voyage. »

« Oh, çà ne coûtera pas un sou. » répondit Rob en souriant.  

Monsieur Joslyn le regarda gravement et poussa un soupir. Madame Joslyn se pencha vers son fils, les larmes aux yeux, et elle lui dit :

« Ces fantaisies électriques ont affecté ton esprit, mon chéri. Promets moi de ne plus aller dans cette horrible atelier pendant quelques temps. »

« Je n'y entrerai plus pendant une semaine, » répondit-il, « soyez en sûrs. Je n'ai pas fait toutes ces expériences en électricité pour rien, je vous le dis. Quant à ma santé, elle est excellente, ma tête va très bien aussi. Les gens du commun croient toujours que les grands hommes sont fous, mais Edison, Tesla et moi sommes indifférents à ce genre de considération, nous avons nos découvertes à nous occuper. Aujourd'hui, je vais entreprendre un petit voyage au nom de la science. Je peux très bien revenir demain ou dans quelques jours, pas plus d'une semaine en tous cas, ne vous inquiétez surtout pas pour moi. »

« Comment comptes tu voyager ? » lui demanda son père avec condescendance, comme s'il s'adressait à un malade mental. 

« Par la voie des airs. » répondit Rob. 

Son père poussa un gémissement.

« Où est ton ballon ? » lui demanda ironiquement sa sœur Mabel. 

« Je n'ai pas besoin de ballon, » rétorqua le garçon, « c'est une façon plutôt hasardeuse de voyager, j'utiliserai la propulsion électrique. »

« Miséricorde ! » s'écria Monsieur Joslyn, et son épouse balbutia en sanglotant : « Mon pauvre enfant ! Mon pauvre enfant ! »

« Comme vous êtes mes plus proches parents, » continua Rob, ignorant ces exclamations, « je vous invite à venir dans la cour pour assister à mon départ. Vous aurez ainsi une idée de mes pouvoirs électriques. »

Pendant qu'ils le suivaient avec une mine incrédule, Rob ajusta le petit instrument à son poignet gauche et la dissimula sous sa manche..

Quand ils arrivèrent sur la pelouse à l'arrière de la maison, Rob leur fit ses adieux au grand amusement de ses sœurs, puis il tourna l'aiguille de l'instrument sur haut.

Aussitôt, il s'éleva dans les airs.

The master key 4

« Ne vous inquiétez pas pour moi ! » leur cria-t-il, « au revoir ! »

Avec un cri d'horreur, Madame Joslyn se cacha la figure dans les mains.

« Il va se rompre le cou ! » s'alarma le père effaré, la tête renversée en arrière, en train de regarder son fils monter dans le ciel.

« Reviens ! Reviens ! » crièrent les filles à l'aventurier volant.

« Je reviendrai bientôt ! » résonna sa voix dans le lointain. 

Arrivé assez haut pour éviter les arbres et les clochers, Rob tourna l'aiguille de l'instrument sur ouest, alors il se mit à bouger à grande vitesse dans cette direction.

C'était une sensation délicieuse, il volait aussi légèrement qu'une plume, sans faire aucun effort. Il se déplaçait si rapidement qu'à un moment, il distança un train qui allait dans la même direction.

« C'est chouette ! » se dit il, « voila que je voyage confortablement, sans payer un sou ! Et j'ai assez de nourriture dans ma poche pour tenir un mois. En fin de compte, l'électricité, c'est ce qu'il y a de mieux, le Démon ne s'est pas moqué de moi. Youpi ! Comme tout semble petit vu d'en haut, les gens ressemblent à des insectes, les maisons à des boîtes à savon, et les arbres à des brins d'herbe. On dirait que j'arrive à une ville, Je vais descendre un peu et jeter un coup d'œil. »

Il tourna l'aiguille sur bas, et aussitôt, il se mit à descendre, cela lui donna la même sensation que l'on éprouve en ascenseur. En arrivant à quelques mètres du sol, il régla le cadran sur zéro, ainsi, il resta en suspension dans l'air, ce qui lui donna le temps d'observer les lieux. Mais il n'y avait rien d'intéressant, aussi, au bout d'un moment, il remonta et continua son voyage.

Vers quatorze heures, il arriva à Boston. Il atterrit sans être vu dans une rue déserte, et il se promena quelques heures. Il visita la ville en se demandant ce que penseraient les gens s'ils connaissaient ses pouvoirs. Mais comme il ressemblait à n'importe quel autre enfant, personne ne fasait attention à lui.

Le soir approchait, Rob était allé voir les bateaux sur le port, quand un gros chien accourut vers lui en aboyant furieusement .

« Va-t-en ! » lui cria-t-il en le repoussant d'un coup de pied. 

Les yeux injectés de sang, le chien grogna d'un air féroce en montrant les crocs, puis il sauta sur lui. Aussitôt, Rob sortit le tube électrique de sa poche et pressa le bouton, alors le molosse retomba avec un bref glapissement, complètement inconscient.

« Je pense que çà va le calmer un moment. » se dit l'enfant en riant. Puis il entendit des cris de colère, il se retourna et vit un policier qui courait vers lui. 

« Dis donc, toi ! T'as tué mon chien ! » hurlait il, « tu vas voir ce que tu vas prendre, tu vas passer la nuit au poste, mon gars ! » Il arrivait vers lui avec une matraque dans une main et un gros revolver dans l'autre.

« Il faudra d'abord m'attraper. » répondit Rob, toujours en riant. Puis, à la grande stupéfaction du policier, il s'éleva dans les airs.  

« Descends ! Descends tout de suite ou je tire ! » hurla l'officier en brandissant son revolver. 

Rob craignait qu'il le fasse, aussi, pour éviter tout accident, il pointa le tube vers lui et pressa le bouton. Le policier aux favoris roux se balança un instant sur ses pieds, presque grâcieusement, puis il s'affala sur le chien, tandis que Rob continuait à monter jusqu'à être hors de vue.

« Je l'ai échappé belle, » se dit il, avec un soupir de soulagement, « çà m'ennuie d'avoir paralysé ce policier, mais il s'apprêtait à me tirer dessus. De toute façon, dans une heure il ira bien, je n'ai donc pas à m'inquiéter. »

Il commençait à faire noir, et il se demandait ce qu'il allait faire. S'il avait eu de l'argent, il serait descendu et aurait pris une chambre d'hôtel, mais il était parti de chez lui sans un sou en poche. Heureusement, les nuits étaient chaudes en cette saison, il se résolut alors à voyager jusqu'au matin, il verrait bien où çà le mènerait.

Cuba l'avait toujours intéressé, il estima que çà se trouvait au sud-est en partant de Boston. Il régla donc son instrument sur cette direction et reprit son vol.

Cela faisait vingt-quatre heures qu'il avait avalé sa première pilule électrique. Tout en filant dans les airs, il en avala une autre. Aussitôt, sa faim disparut, et il éprouva à nouveau cette sensation revigorante.

Au bout d'un moment, la lune se montra, et Rob se mit à contempler les myriades d'étoiles dans le ciel. Il se demandait si le Démon avait raison ; la terre était elle vraiment la planète la plus importante ?

Il était fatigué, et avant qu'il ne s'en rende compte, il avait plongé dans un profond sommeil. L'aiguille de son instrument toujours pointée sur le sud-ouest, il volait rapidement dans l'air frais de la nuit.

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