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Le Monarque Magique de Mo

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Deuxième Surprise

Les aventures de la tête du Roi

Mo 2e surprise 1

 

Il y a pas mal d'années, le Monarque Magique de Mo fut importuné par le Dragon Pourpre, qui était descendu des montagnes et avait dévoré un lopin de ses meilleurs caramels au chocolat à peine mûrs.

Le Roi se rendit alors à l'arbre à épées et en cueillit une longue et bien affutée, il la mit à sa ceinture et s'en alla dans les montagnes pour combattre le Dragon Pourpre.

Les gens l'applaudirent tous, se disant les uns aux autres :

« Notre Roi est un bon Roi. Il va tuer ce méchant Dragon Pourpre et nous pourrons enfin manger nos caramels tranquillement. »

Mais le Dragon n'était pas seulement méchant, il était aussi grand, fort, féroce, et ne voulait pas du tout être tué.

 

Mo 2e surprise 2

 

Le Roi livra donc un terrible combat contre le Dragon Pourpre et lui fit plusieurs entailles avec son épée, si bien que le jus de framboise qui coulait dans ses veines se répandit partout sur le sol.

Il est toujours difficile de tuer les Dragons, par nature, leur peau est dure et épaisse, comme tout le monde l'a sans doute entendu dire.

D'ailleurs, vous ne devez pas oublier que c'était un Dragon Pourpre, et tous les scientifiques qui ont bien étudié les Dragons savent que ceux qui sont de couleur pourpre sont les plus désagréables à combattre.

Les coupures et les entailles du Roi n'eurent d'autre effet sur le monstre que de le rendre furieux. Oublieux du respect dû à une tête couronnée, le vilain Dragon ouvrit alors large ses mâchoires, puis il coupa le chef royal d'un coup de dents et l'avala.

Bien sûr, le Roi comprit qu'il était inutile de continuer la lutte après cela, car il ne pouvait plus voir où était son adversaire. Il tenta donc de retrouver le chemin de chez lui, mais à chaque pas, il se cognait dans un arbre, ce qui faisait rire le méchant Dragon. En plus, il n'avait aucun idée de la direction où il allait, ce qui est un sentiment déplaisant en toutes circonstances.

Enfin, il y eut des gens pour venir voir si le Roi avait réussi à détruire le Dragon, et ils trouvèrent leur monarque train de courir en ronds, se cognant contre les arbres et les rochers, mais n'approchant d'un pas de chez lui.

Ils le prirent alors par la main et le reconduisirent au palais, où chacun fut rempli de tristesse en voyant le Roi privé de sa tête. En effet, ses dévoués sujets, pour la première fois de leur vie, furent sur le point le plus proche de pleurer que puissent l'être les habitants de la Vallée de Mo.

« Tant pis, » dit gaiement le Roi, « je me porterai très bien sans tête, et en vérité, cette perte a ses avantages, je ne serai plus obligé de me brosser les cheveux ni me laver les dents ou les oreilles. Ne soyez donc pas tristes, je vous en prie, mais réjouissez vous et soyez heureux comme vous l'étiez avant. » Ce qui montrait que le Roi avait un brave cœur, et après tout, avoir un brave cœur c'est mieux qu'avoir une tête, comme on dit.

En entendant sa voix sortir de son cou (car il n'avait plus de bouche), les gens se mirent à rire, ce qui les rendit rapidement aussi heureux qu'auparavant.

Mais la Reine n'était pas safisfaite.

« Mon amour, » lui dit elle, « je ne peux plus vous embrasser, et cela me brise le cœur. »

Sur ce, le Roi fit annoncer dans toute la Vallée que quiconque lui procurerait une nouvelle tête épouserait une des princesses.

Les princesses étaient toutes extrêmement jolies, et il ne fallut pas longtemps avant qu'un homme fasse une très belle tête en sucre et l'apporte au Roi. Elle ne ressemblait pas exactement à l'ancienne, mais elle était tout de même avenante, alors le Roi se la mit sur les épaules et la Reine l'embrassa avec une grande satisfaction.

Le jeune homme avait inséré une paire d'yeux en verre dans la tête, ils permettaient au Roi de très bien voir une fois qu'il s'y fut habitué.

Selon la Royale promesse, le jeune homme fut convié au palais et on lui demanda de choisir une des princesses. Elles étaient toutes si charmantes et élégantes qu'il eut du mal à se décider, mais finalement, il prit la plus grande, pensant ainsi rendre sa récompense plus rentable, et ils furent mariés au milieu des réjouissances.

 

Mo 2e surprise 3

 

Mais quelques jours plus tard, le Roi se retrouva pris sous une averse, et avant d'avoir le temps de retourner chez lui, sa nouvelle tête se mit à fondre sous la douche de limonade qu'il recevait. Seuls restèrent les yeux de verre qu'il mit dans sa poche et il retourna tristement auprès de la Reine pour lui raconter sa nouvelle mésaventure.

Un autre jeune homme, qui voulait aussi épouser une princesse, fit alors une tête en pâte à pain au Roi, en y insérant les yeux en verre. Le Roi l'essaya et la trouva parfaitement adaptée. Le jeune homme reçut donc la plus grande des princesses qui restaient.

 

Mo 2e surprise 4

 

Mais le jour suivant, le soleil brillait fort et il faisait extrêmement chaud. Quand le Roi sortit, sa tête en pâte se mit à cuire et se transforma en pain, du coup, le monarque se sentit l'esprit plus léger.

Mais quand les oiseaux virent le pain du haut des arbres, ils descendirent se percher sur ses épaules et picorèrent sa nouvelle tête, ne laissant que les yeux de verre.

 

Mo 2e surprise 5

 

À nouveau, le bon Roi fut obligé de retourner sans tête chez lui, auprès de la Reine, qui déclara que cette fois, son mari devait avoir une tête garantie durer au moins jusqu'à la lune de miel de l'homme qui l'aurait fabriquée, ce qui était plutôt raisonnable, vu les circonstances.

Une requête fut lancée parmi les loyaux sujets à travers toute la Vallée, demandant de procurer à leur Roi une tête solide et durable.

Pendant ce temps, ce n'était pas drôle pour le Roi, quand il voulait se déplacer, il était obligé de tenir ses yeux de verre entre le pouce et les index devant lui pour voir où il allait. Ce qui, vous vous en doutez, donnait une allure plutôt ridicule à sa Majesté, or, la dignité est primordiale chez toute personne royale.

Enfin, un bûcheron dans les montagnes, fabriqua une tête en bois et l'envoya au Roi. En plus d'être solide et durable, elle était très bien sculptée, et elle s'adaptait parfaitement au cou du monarque. Le Roi fouilla dans ses poches, et il en sortit les yeux de verre qu'il inséra dans la nouvelle tête, alors il se déclara satisfait

Il n'y avait qu'un inconvénient ; il ne pouvait pas sourire, car le visage de bois était trop raide. Des fois, c'était comique de voir sa Majesté rire aux éclats en gardant une expression solennelle. Mais ses yeux de verre pétillaient de gaité, et l'on reconnaissait bien le joyeux caractère de ce bon vieux monarque, bien qu'il fut devenu, malgré lui, quelqu'un de plutôt rigide.

Alors le Roi fit dire au bûcheron qu'il pouvait venir au palais choisir une princesse, et sans perdre de temps, on se mit à préparer les noces.

Malheureusement, en se rendant à la cour, le bûcheron passa devant le château du Dragon Pourpre et s'arrêta pour parler avec lui.

Sachons qu'après avoir avalé la tête du Roi, l'animal ne s'était pas senti très bien, ce singulier repas l'avait rendu malade. Pour dîner, il était plus habitué à manger des baies et des caramels que des têtes, en plus, les pointes aigües de la couronne (qui était bien fixée à la tête) écorchaient l'estomac du dragon qui gémissait de douleur.

Après avoir souffert plusieurs jours, il avait fini par régurgiter la tête, et, ne sachant quoi en faire, il l'avait enfermée dans un placard et mis la clef dans sa poche.

En apprenant que le bûcheron avait fabriqué une nouvelle tête au Roi, et qu'il  allait épouser une des princesses en récompense, le monstre entra dans une grande colère.

Il décida de faire quelque chose de méchant, ce qui n'est guère surprenant de la part de ce genre d'individu.

« Entrez donc vous reposer. » dit il poliment. Les personnes méchantes sont toujours polies quand elles ont de mauvaises intentions.

« Merci, je ferai volontiers une pause de quelques minutes, » répondit le bûcheron, « mais je ne pourrai m'attarder trop longtemps, car je suis attendu à la cour. »

Ils entrèrent au salon, et soudain, le Dragon ouvrit la bouche et d'un coup de mâchoires, coupa la tête du pauvre bûcheron. Par expérience, il se garda bien de l'avaler. Il la rangea dans le placard et sortit la tête du Roi qu'il colla sur le cou du bûcheron.

« Maintenant, » dit la bête avec un ricanement cruel, « c'est toi, le Roi ! Va reprendre possession de ton royaume et de ton épouse. »

Le pauvre bûcheron était complètement déboussolé, sur le moment, il ne savait plus très bien qui il était, du Roi et du bûcheron.

Il se regarda dans un miroir, et en voyant le Roi, il se prosterna. Puis la tête du Roi eut une pensée : « devant qui est ce que je me prosterne ? Il n'y a personne de plus grand que le Roi ! » Alors s'engagea un conflit entre le cœur du bûcheron et la tête du Roi.

Le Dragon était extrêment satisfait, son stratagème diabolique était une réussite. Il fit ensuite sortir le bûcheron dérouté de chez lui et le mit sur le chemin de la cour.

Alors que le pauvre homme approchait de la ville, les gens le virent et se précipitèrent hors de chez eux en criant : « le Roi est de retour, gloire à sa Majesté ! »

« Arrêtez ces idioties ! » répondit le bûcheron, « je ne suis qu'un pauvre homme à qui on a collé la tête du Roi sur les épaules. Vous pouvez le voir, elle est de travers, le Dragon ne l'a pas collée droite. »

« Alors, où est donc votre vraie tête ? » demandèrent ils.

« Enfermée dans le placard du Dragon. » répondit le pauvre bougre avec un sanglot.

« Hélà ! » s'écria la tête du Roi, « veux tu arrêter ? Je t'interdis de pleurer avec mes yeux ! Le Roi ne pleure jamais. »

« Je vous demande pardon, votre Majesté, » répondit docilement le bûcheron, « je ne le ferai plus. »

« Eh bien, veilles y. » répondit la tête en se radoucissant.

Les gens en étaient stupéfaits, ils emmenèrent le bûcheron au palais où des explications furent rapidement données.

En voyant la tête du Roi, la Reine se mit à l'embrasser, mais le Roi la réprimanda, lui disant qu'elle ne devait embrasser que lui.

« Mais c'est votre tête. » dit la Reine.

« Peut être, » répondit le Roi, « mais elle est sur un autre homme. Je vous en prie, contentez vous d'embrasser ma tête de bois. »

« Excusez moi, » soupira la Reine, « mais je préfère embrasser la vraie tête. »

« C'est celà que vous devez faire, » dit la tête du Roi, « je n'aime pas du tout vous voir embrasser cette tête en bois. »

 

Mo 2e surprise 6

 


La pauvre dame les regarda tour à tour avec perplexité, et finalement, elle eut une bonne idée.

« Pourquoi ne pas échanger vos têtes ? » demanda-t-elle.

« Vous avez raison ! » s'écria le Roi, et avec le consentement du bûcheron, l'échange fut opéré, et le Monarque de Mo se retrouva en possession de sa propre tête, ce qui le réjouit au point qu'il se mit à rire longuement.

Le bûcheron, quant à lui, n'esquissa pas même un sourire, il ne pouvait pas à cause de son visage de bois. La tête qu'il avait sculptée pour le Roi, c'était lui, maintenant, qui était contraint de la porter.

« Faites venir les princesses, » ordonna le Roi, « ce brave homme pourra en choisir une comme épouse, pour m'avoir rendu ma vraie tête. »

Mais quand les princesses arrivèrent et virent que le bûcheron avait une tête en bois, aucune n'accepta de l'épouser, et elles supplièrent le Roi de les laisser partir avec tant d'insistance que cela le mit dans l'embarras.

« Je lui avais promis l'une de mes filles, » dit il, « et un Roi tient toujours parole. »

« Oui, mais à ce moment là, il n'avait pas encore une tête en bois. » expliqua l'une d'elles.

Le Roi dut se rendre à l'évidence, en s'approchant pour examiner attentivement la tête en bois, il ne blâma pas ses filles de refuser de l'épouser. S'il en forçait une à le faire, il n'était pas improbable qu'elle le traiterait d'imbécile - un terme qui amène à coup sûr des problèmes dans n'importe quelle famille.

Après une profonde réflexion, le Roi décida d'aller voir le Dragon Pourpre pour l'obliger à restituer la tête du bûcheron.

 

Mo 2e surprise 8

 

Tous les soldats du royaume furent rassemblés, puis, après avoir cueilli des épées mûres sur les arbres à épées, ils se mirent en route en bataillons vers le château du Dragon.

Le Dragon Pourpre réalisa que s'il tentait de combattre toute cette armée, il risquait d'être mis en pièces, il s'enferma donc dans son château et refusa d'en sortir.

Le bûcheron, qui était un homme brave, déclara : « j'y entrerai et combattrai le Dragon moi-même, » et il y entra.

Le Dragon en fut à la fois effrayé et furieux, dès qu'il vit l'homme, il se précipita sur lui et lui fit sauter la tête d'un coup de mâchoires, mais ses longues dents pointues se plantèrent dans le bois et il ne put les en retirer. Il ne pouvait alors rien faire d'autre qu'agiter la queue en gémissant.

Le bûcheron courut au placard, y prit sa tête et la remit à sa place sur ses épaules. Puis il sortit fièrement du château et fut acclamé à grands cris par les soldats, qui le portèrent en triomphe jusqu'au palais royal.

Maintenant qu'il portait sa propre tête, une des plus jolies princesses accepta de l'épouser de son plein gré, et le mariage fut célébré au milieu des réjouissances.

Mo 2e surprise 7

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