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Le Monarque Magique de Mo

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Septième Surprise

Mo 7 1

De toutes les filles du monarque, la plus belle était, de loin, la Princesse Tartelette. Le bleu profond de ses yeux rendait le ciel lui-même jaloux, et les roses rougissaient de confusion devant la teinte délicate de ses joues.

Les longues mèches de ses cheveux soyeux étaient plus éclatantes que des rayons de soleil, ses oreilles étaient telles de petits coquillages roses sur une plage. Il n'y avait rien ni personne dans toute la Vallée qui fut aussi grâcieux et joli que la Princesse Tartelette, et il y aurait eu beaucoup de jeunes hommes qui l'auraient aimé s'ils l'avaient osé.

Mais hélas ! La Princesse avait un très mauvais caractère, elle n'était jamais contente de rien, c'est pourquoi les jeunes hommes, et même les plus vieux, avaient peur de l'approcher.

Elle râlait du matin au soir, elle devenait furieuse et tapait son joli pied dès que quelqu'un lui adressait la parole, et si jamais ses frères tentaient de la raisonner, elle leur frappait si fort les oreilles qu'ils préféraient la laisser tranquille.

Même la bonne Reine avait du mal à aimer Tartelette autant que ses autres enfants, et le Roi soupirait souvent en pensant à cette si belle fille dans de si mauvaises dispositions.

Bien sûr, personne ne recherchait sa compagnie, et elle restaitt assise dans sa chambre toute la journée, refusant de se joindre aux autres dans leurs jeux, devenant ainsi plus grincheuse et acariatre à mesure que passait le temps.

Un jour, un jeune homme vint à la cour pour apporter des pêches au sirop à sa Majesté, le Roi, il s'appelait Timtom, il habitait si loin et venait si rarement à la cour qu'il n'avait encore jamais vu la Princesse Tartelette.

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Quand il plongea son regard dans ses yeux d'un bleu si doux, il l'aima aussitôt pour sa beauté, or, comme il était à la fois courageux et audacieux, il alla directement voir le Roi pour lui demander la main de Tartelette.

Naturellement, sa Majesté fut surprise par cette si étrange requête, alors il dit au jeune homme :

« Qu'en dit la Princesse ? Vous aime-t-elle, au moins ? »

« Je ne sais pas, » répondit Timtom, « je ne lui ai jamais parlé. »

« Eh bien, » dit le Roi, étonné de l'ignorance et de la témérité de ce garçon, « allez donc parler de cela à ma fille, et revenez me dire ce qu'elle vous a répondu. »

Timtom se rendit tout de suite à la chambre où se morfondait la Princesse Tartelette, et il lui dit :

« Je voudrais vous épouser. »

« Quoi ? » hurla la Princesse prise d'une grande rage, « m'épouser ? Partez tout de suite, insolent personnage, ou je vous envoies ma chaussure à la tête ! »

Timtom était à la fois surpris et choqué par cette explosion de colère, mais cela lui fit réaliser à quel point le caractère de la Princesse était mauvais. Mais cela ne lui fit pas abandonner son objectif, elle était si jolie qu'il était déterminé à tout mettre en œuvre pour gagner son cœur.

« Ne vous fâchez pas, je vous aime. » plaida il courageusement en regardant droit dans les yeux bleus de Tartelette.

« Vous m'aimez ? » répéta-t-elle en écho « ce n'est pas possible ! Tout le monde me déteste. »

« Ce n'est pas vous qu'ils détestent, » se hasarda à répondre Timtom, « c'est votre caractère qu'ils détestent. »

« Mais mon caractère et moi ne faisons qu'un. » répondit amèrement la Princesse en tapant du pied.

« Ce n'est certainement pas le cas, » contesta le jeune homme, « car je suis sûr de vous aimer, mais je n'ame pas du tout votre caractère. Vous ne pensez pas que vous pourriez m'aimer aussi ? »

« Peut être que je pourrais, si vous arrivez à me guérir de ma mauvaise humeur, sinon, elle ne me permettra jamais d'aimer qui que ce soit. D'ailleurs, si vous ne partez pas imédiatement d'ici, elle me contraindra de vous frapper les oreilles. »

Il ne semblait y avoir aucun espoir pour elle, Timtom quitta tristement la pièce, et il se rendit auprès du Roi pour lui répéter ce qu'elle avait dit.

« Eh bien, n'en parlons plus, » conclut le Roi, « personne ne peut guérir Tartelette de son mauvais caractère. »

« Je vais quand même essayer, » répondit Timtom, « et si j'y arrive, vous devrez me donner la Princesse en mariage. »

« Je vous la donnerai, avec ma bénédiction en plus. » s'empressa de lui répondre le Roi. 

Timtom quitta la cour et retourna à la maison de son père, où il réfléchit au problème pendant une semaine et un jour. À la fin de cette période, il n'était pas plus avancé qu'avant, mais sa mère, qui avait remarqué que son fils avait des soucis, alla lui demander la cause de sa tristesse. Timtom parla alors de la Princesse Tartelette, de son amour pour elle et de son inguérissable mauvais caractère.

Sa mère était compréhensive, et après un moment de réflexion, elle lui dit : « va voir la sorcière Maëtta, et demande lui son assistance. C'est une femme très gentille, et c'est une amie de la famille du Roi. Je suis sûre qu'elle t'aidera, si seulement tu trouves le chemin du château où elle vit. »

« Où est ce château ? » demanda Timtom qui retrouvait l'espoir.

« Quelque part au sud, au milieu d'un bois touffu. » répondit sa mère.

« Alors, » dit il avec enthousiasme, « si ce château existe, je le trouverai sûrement, car c'est ma seule chance de gagner le cœur de Tartelette et d'être heureux. »

Le lendemain, il se mit en route, rempli de l'espoir de trouver le château de Maëtta pour lui demander son aide.

Il n'était pas parti depuis très longtemps qu'une tempête de neige se mit à faire rage. À Mo, les tempêtes de neige sont différentes des notres, car la neige est de popcorn, et ce jour là il en tombait tant que le pauvre Timtom avait beaucoup de difficultés pour se déplacer à travers. Il devait s'arrêter souvent pour se reposer, en mangeant beaucoup du popcorn qui encombrait son chemin, car il était délicieusement beurré et salé.

Finalement, à sa grande joie, il cessa de neiger, il put alors continuer son chemin plus facilement, jusqu'à ce qu'il arrive à la Rivière d'Aiguilles.

Il fut presque découragé à l'aspect de cette rivière, et ne voyait aucun moyen de la taverser, car ce n'était pas de l'eau qui y coulait, mais un flot régulier d'aiguilles pointues et étincelantes.

Assis sur la berge, il réfléchissait à ce qu'il pouvait faire, quand, à sa grande surprise, une petite voix aigüe et désagréable s'adressa à lui :

« Où vas tu ainsi, étranger ? »

Timtom regarda entre ses pieds, et il vit une araignée noire, assise sur un brin d'herbe, qui le regardait avec curiosité.

« Je vais rendre visite à la sorcière Maëtta, » répondit Timtom, « mais je ne peux traverser cette Rivière d'Aiguilles. »

« Elles sont très pointues, elles te feraient des milliers de trous en un instant, » expliqua l'araignée, « mais je peux t'aider. Si tu m'accordes une faveur en retour, je consentirai volontiers à te construire un pont, ainsi, tu pourras traverser la rivière en toute sûreté. »

« Quelle faveur ? » demanda-t-il.

« J'ai perdu un œil, demande à la sorcière de m'en donner un autre, pour que je puisse voir aussi bien qu'avant. »

« Je ferai çà pour vous avec joie. » dit Timtom.

« Très bien, je vais donc te construire un pont, » promit l'araignée, « mais si tu n'as pas l'œil avec toi à ton retour, je détruirai ce pont et tu ne pourras plus jamais retourner chez toi. »

Le jeune homme donna son accord, car il avait hâte de se mettre à l'œuvre. L'araignée lança un fil au travers de la rivière, puis un autre et encore un autre jusqu'à former un pont en toile d'araignée assez solide pour que Timtom puisse passer dessus.

Le pont de fils ténus pliait et se balançait sous son poids, mais il ne cassa pas, et une fois qu'il fut en sûreté de l'autre côté, il remercia l'araignée et renouvela sa promesse de lui ramener un œil. Puis il se remit en route sans tarder, car il avait perdu beaucoup de temps avec cette rivière.

Mais à son grand désarroi, le jeune homme arriva bientôt au bord d'un gouffre profond, qui lui barrait la route aussi complètement que le Rivière d'Aiguilles. Il regarda à l'intérieur et vit qu'il n'avait pas de fond, et qu'il débouchait à l'autre bout du monde. Cet obstacle aurait découragé le plus vaillant voyageur, et Timtom était si désespéré qu'il s'assit, sur le point d'éclater en sanglot.

« Que t'arrive-t-il donc ? » demanda une douce voix près de son oreille.

Il tourna la tête et vit un magnifique oiseau blanc perché à côté de lui.

« Je voudrais me rendre au château de la sorcière Maëtta pour lui demander quelque chose d'important, » répondit il, « mais je ne peux pas traverser ce gouffre. »

« Je pourrais facilement te porter au dessus, » dit l'oiseau, « je le ferai avec joie si tu promets de m'accorder une faveur. »

« Quelle faveur ? » demanda Timtom.

« J'ai oublié ma chanson, à cause d'une angine qui a duré un peu trop longtemps, » répondit l'oiseau, « depuis, j'ai beau essayer, je n'arrive plus à produire la moindre note. Si tu acceptes de demander une nouvelle chanson pour moi à la sorcière, je te transporterai au dessus du gouffre et je te ramènerai à ton retour. Mais si tu ne ramènes pas la chanson, je ne te ramènerai pas. »

Timtom accepta volontiers ce marché, puis il s'assit sur le cou de l'oiseau qui le transporta en toute sécurité par dessus le gouffre vertigineux.

Au bout d'une heure de marche sans autre incident, il aperçut devant lui la lisière d'un grand bois, et ils savait que, quelque part au milieu de tous ces arbres, se trouvait le château de Maëtta.

Il croyait alors que ses difficultés étaient terminées, et il avançait d'un pas assuré jusqu'à l'entrée du bois. Mais quelle ne fut pas l'horreur du garçon en découvrant un grand lion accroupi sur un côté du chemin, prêt à sauter sur quiconque s'aventurerait à entrer dans le bois. De l'autre côté, il y avait un tigre monstrueux, également prêt à attaquer le premier intrus venu. Les bêtes féroces poussaient de terrible rugissements, et leurs yeux brillaient comme des boules de feu.

Timtom aurait bien rebroussé chemin s'il avait pu, car il se sentait submergé par la peur. mais il se rappela que sans la chanson de l'oiseau ni l'œil de l'araignée, il ne pourrait jamais retourner chez lui.

Il se remémora aussi le beau visage de la Princesse Tartelette, et cela lui redonna courage. Résolu à périr s'il était besoin, plutôt que d'échouer dans cette aventure, le jeune homme avança vaillamment, il s'approcha doucement de ces gardiens de la forêt grondants, il se mit soudain à courir à l'intérieur du bois.

Au même moment, le lion bondit sur lui d'un côté et le tigre de l'autre, ils l'auraient sûrement dévoré si Timtom ne s'était esquivé jute à temps et ne s'était allongé sur le sol. Le lion et le tigre se rencontrèrent à mi-course, et chacun d'entre eux pensant avoir attrapé Timtom tenta de le mettre en pièces, résultat : au bout d'un moment, il s'étaient dévorés mutuellement.

Mo 7 3

Le jeune homme traversa rapidement le bois sans encombre et arriva à une haute muraille de jaspe qui barrait complètement son chemin. Il était aussi lisse que du verre, et Timtom ne voyait aucun moyen de le franchir.
Alors qu'il réfléchissait au moyen de surmonter ce nouvel obstacle, un lapin gris surgit des buissons et demanda :

« Où veux tu aller, étranger ? »

« Au château de la sorcière Maëtta. » répondit Timtom.

« Ah, je peux peut être t'aider, » dit le lapin, « j'ai terriblement besoin d'une nouvelle queue, car la vieille n'est plus qu'un trognon, elle n'est plus d'aucune utilité. Ce serait gentil de ta part d'en demander une nouvelle à Maëtta, une belle et longue queue touffue. Je vais te creuser sous le mur pour que tu puisses passer de l'autre côté. »

« Ce sera avec grand plaisir que je vous ramènerai une queue. » s'empressa de déclarer Timtom.

« Très bien, admire maintenant la vitesse à laquelle je peux travailler. » répondit le lapin. Aussitôt il se mit à creuser avec ses petites pattes, et en peu de temps, il avait fait un trou assez large pour que Timtom puisse se glisser sous le mur.

« Si tu ne ramènes pas la queue, » l'avertit le lapin, « je comblerai le tou et tu ne pourras plus revenir. »

« Ne craignez rien, je vous ramènerai la queue. » répondit le jeune homme avant de s'avncer vers le château de Maëtta, qu'il pouvait maintenant distinguer entre les arbres.

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Le château, construit en pure marbre blanc, était très grand et magnifique. Il était situé dans un charmant jardin rempli de roses bleues et de boutons d'or roses, avec des fontaines d'or d'où coulaient des diamants, des rubis, des émeraudes et des améthystes qui brillaient si fort au soleil que les yeux de Timtom lui faisaient mal.

Cependant, il n'était pas venu pour amirer ces choses, aussi merveilleuses et sublimes qu'elles fussent, mais pour gagner la main de la Princesse Tartelette, il s'avança donc vers l'entrée du château, et ne voyant personne alentour, il ouvrit la grande porte et entra.

Il se retrouva dans un couloir couvert nacre, où des lumières électriques étaient dissimulées dans des coquillages aux teintes les plus exquises. À l'autre bout du couloir il y avait une porte cloutée de gemmes d'une valeur inestimable.

Timtom alla y frapper, aussitôt, la porte s'ouvrit toute grande et le jeune homme se retrouva dans une salle entièrement recouverte de diamants.

Au centre, il y avait un grand trône de diamant où était assise Maëtta, vêtue d'une longue robe d'un blanc éclatant, avec une couronne de diamants sur la tête et à la main, un sceptre d'or avec un énorme diamant au bout qui brillait comme une boule de feu.

Au dessus du trône, il y avait un chandelier recouvert de diamants avec des centaines d'amoules électriques qui faisait briller si fort la salle que Timtom en était presque aveuglé et dut se protéger les yeux avec la main.

Mais au bout d'un moment, il s'accoutuma à la lumière, il avança vers le trône et tomba à genoux devant la sorcière en implorant son aide.

Maëtta était la plus belle femme du monde, mais elle était aussi remplie de grâce et de bonté. Elle sourit tendrement au jeune homme et, d'une voix qui résonnait comme une clochette d'argent, elle lui demanda de se relever et de s'asseoir en face d'elle.

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Timtom chercha une chaise des yeux autour de lui, mais il n'y en avait aucune dans la pièce. La dame fit un geste avec son sceptre, et une splendide chaise de diamants apparut instantanément à côté de lui, il y prit place et la trouva remarquablement confortable.

« Dis moi donc ce que tu veux. » dit la sorcière de sa douce voix.

« J'aime la Princesse Tartelette, » répondit sans hésitation Timtom, « mais elle est en de si mauvaises dispositions qu'elle refuse de m'épouser tant que je ne réussirai pas à la guérir de son mauvais caractère, qui la, non seulement la rend malheureuse, mais rend aussi malheureux son entourage. C'est pourquoi, connaissant votre pouvoir et la bonté de votre cœur, j'ai trouvé le courage de chercher votre château afin d'implorer votre aide, sans laquelle je ne peux accomplir mon dessein. »

Maëtta agita son sceptre trois fois au dessus de sa tête, et une pilule dorée tomba aux pieds de Timtom.

« Ta requête est accordée, » dit elle, « si tu parviens à faire avaler cette pilule à la Princesse, son mauvais caractère disparaitra, et je sais qu'elle t'aimera très fort pour l'avoir guérie. Prends en grand soin, si tu la perds, je ne pourrai pas t'en donner une autre. As tu autre chose à me demander avant de t'en retourner à la cour ? »

Timtom se souvint alors du lapin, de l'oiseau et de l'araignée, et il dit à Maëtta comment il avait promis de ramener quelque chose à chacun d'eux.

La gentille sorcière lui donna alors une belle queue touffue pour le lapin, une fort jolie chanson pour l'oiseau et un œil flambant neuf pour l'araignée. Timtom les mit dans une petite boîte rouge qu'il rangea soigneusement dans sa poche, mais il enveloppa la pilule dans son mouchoir, car elle était plus précieuse que le reste.

Après avoir remercié la généreuse dame pour sa gentillesse et avoir respectueusement baisé la blanche main qu'elle lui avait tendue, Timtom quitta la salle de diamants et prit joyeusement la route du retour.

En peu de temps, il atteignit le mur de jaspe, mais le lapin n'était pas là. En attendant son retour, il s'allongea pour se reposer, et il était si fatigué par ce long voyage qu'il ne tarda pas à s'assoupir. Pendant qu'il dormait, un renard sournois sortit du bois et trouva Timtom étendu sur le sol.

« Oh, oh ! » se dit le Renard Sournois, « ce jeune homme vient de rendre visite à la sorcière, je parie qu'elle lui a fait de beaux cadeaux, et qu'il les a mis dans cette petite boîte rouge qui dépasse de sa poche. Je vais essayer de lui voler et voir ce qu'il y a dedans ! »

Pendant que le jeune homme dormait, inconscient du danger, le Renard Sournois tira avec précaution la petite boîte rouge de sa poche, puis, le prenant dans sa gueule, il se hâta de l'emporter dans les bois.

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Peu après, le lapin fut de retour, et quand il vit Timtom endormi, il le réveilla et lui demanda :

« Où est ma nouvelle queue ? »

« Ah, je vous en ai rapporté une belle, » répondit Timtom en souriant, « elle est dans cette petite boîte rouge. » mais quand il la chercha, il s'aperçut qu'on la lui avait volée.

Il était tellement affligé de l'avoir perdue que le lapin gris en fut désolé pour lui.

« Je ne pourrai jamais retourner chez moi, » se lamenta-t-il avec des larmes de désespoir, « tous les cadeaux de Maëtta sont perdus à jamais ! »

« Ce n'est rien, » dit le lapin, « même si tu ne m'as pas donné la queue, je te laisserai passer sous le mur, car je sais que tu as essayé de tenir ta promesse. Je pense que ce trognon de queue tiendra encore un moment, de toute façon,  je n'en ai jamais eu d'autre.  Mais prends garde à l'oiseau et à l'araignée, ils ne seront pas aussi gentils que moi. L'oiseau n'a pas de cœur, l'araignée en a un, mais il est aussi dur que de la pierre. Cependant, je te conseille de garder courage, si tu tiens bon et que tu n'as pas peur, tu réussiras à retourner chez toi malgré tout. Si tu n'arrives pas traverser le gouffre et la Rivière d'Aiguilles, tu peux venir vivre avec moi si tu veux. »

En entendant cela, Timtom sécha ses larmes et remercia le gentil lapin, puis il rampa sous le mur et reprit son voyage. Il se réjouit, malgré cette marche fatigante, car la pilule dorée était toujours à l'abri enveloppée dans son mouchoir.

Quand il arriva auprès de l'oiseau blanc et qu'il se mit à expliquer comment il avait perdu la chanson et qu'il ne pouvait tenir sa promesse, l'oiseau se mit en colère et refusa d'écouter ces excuses, il ne se laissa pas non plus convaincre de le transporter à nouveau au dessus du gouffre.

« Je n'ai qu'une parole, » déclara froidement l'oiseau, « je t'avais prévenu que si tu revenais sans la chanson, je ne t'aiderais plus. »

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Le pauvre Timtom ne savait que faire, il s'assit alors au bord du gouffre et se mit à se tourner les pouces en tâchant de retrouver courage et en réfléchissant à une solution, tandis que l'oiseau se pavanait devant lui avec  dédain.

Revenons un peu sur le Renard Sournois ; il était retourné à son repaire et avait ouvert la petite boîte rouge pour voir ce qu'il y avait dedans. L'œil de l'araignée, qui était tout petit, en tomba et alla rouler dans la mousse où il fut perdu. Le renard essaya la queue touffue pour voir si elle lui allait, et pendant qu'il était ainsi occupé, la chanson s'échappa de la boîte et le vent l'emporta directement au bord du gouffre, à l'endroit précis où se trouvait Timtom.

Quand il entendit la chanson arriver, il retira alors son chapeau et l'attrapa avec, puis il appela l'oiseau pour lui dire qu'il avait retrouvé la chanson.

« Je tiendrai donc ma promesse, » dit l'oiseau, « cependant, je vais d'abord essayer cette chanson et voir si elle convient à ma voix. »

Il essaya la chanson et sembla l'apprécier énormément.

« Çà ressemble à une sorte d'opérette, » dit l'oiseau, « mais elle fera très bien l'affaire. »

Une minute plus pard, Timtom se réjouit de se retrouver de l'autre côté du gouffre et de s'être rapproché de chez lui.

Mais en arrivant à la Rivière d'Aiguilles, d'autres problèmes l'attendaient, l'araignée était tellement furieuse de la perte de son œil qu'elle déchira le pont de toile et refusa d'en construire un autre.

Cela était décourageant pour ce pauvre voyageur, il s'assit au bord de la rivière, en se languissant de l'autre rive qu'il apercevait. L'araignée ne lui prêtait aucune attention, elle se blottit dans son nid et s'endormit, tandis que les aiguilles le regardaient avec curiosité de leurs petits yeux en dévalant le courant.

Au bout d'un moment, un roîtelet vint à passer par là, quand il remarqua l'air désespéré de Timtom, la petite créature vint se percher sur son épaule et lui demanda :

« Que vous arrive-t-il, jeune homme ? »

Timtom relata ses aventures au sympathique roîtelet, et quand il en arriva à la perte de l'œil de l'araignée et le refus de l'impitoyable créature de le laisser traverser le pont, le roîtelet s'exclama, en faisant mine d'être surpris :

« Un œil d'araignée dites vous ? Eh bien, je crois que c'est ce que je tiens dans ma patte !  »

« Où çà ? » s'écria Timtom en sursautant.

Le roîtelet sauta sur ses genoux, et ouvrit prudemment une de ses petites pattes, un œil identique à celui que Maëtta lui avait donné s'y trouvait.

« C'est merveilleux ! » s'écria Timtom émerveillé, « où l'avez vous trouvé ? »

« Dans le bois, caché dans la mousse tout près du repaire du Renard Sournois. Il est tellement brillant que je voulais le ramener à mes enfants pour qu'ils s'amusent avec. Mais comme vous avez l'air d'en avoir un besoin pressant, je vous le rends avec plaisir. »

Timtom remercia chaleureusement le petit roîtelet, puis il appela l'araignée pour qu'elle vienne chercher son œil. Une fois qu'elle l'eut essayé, qu'elle constata qu'il lui allait parfaitement bien et qu'il était même plus brillant que l'ancien, elle devint très polie avec le jeune homme et aussitôt, elle reconstruisit le pont.

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Après avoir traversé le flot d'aiguilles étincelantes, Timtom reprit sa route en tâchant de rattraper son retard. Quand il arriva à l'endroit où avait eu lieu la tempête de neige, les oiseaux avaient mangé tout le pop-corn, il put donc passer sans encombre.

Enfin, il arriva au palais du Monarque de Mo et demanda une audience avec le Princesse Tartelette. Mais la jeune dame, d'humeur particulièrement mauvaise ce jour là, refusa catégoriquement de le voir.

Après avoir surmonté tant d'obstacles, Timtom n'était pas disposé à se laisser arrêter par le mauvais caractère d'une jeune fille, il se rendit alors vaillament dans la chambre où la Princesse restait seule, tout le monde ayant peur de s'approcher d'elle.

« Bien le bonjour, ma chère Tartelette, » dit il d'un ton enjoué, « je suis venu guérir votre mauvais caractère. »

« Je ne veux pas être guérie ! » s'écria rageusement la Princesse, « partez d'ici sur le champ ou je vous blesse ! »

« Je ne partirai pas tant que vous n'aurez promis de m'épouser. » répondit fermement Timtom.

À cette réponse, Tartelette se mit à hurler de rage et lança sa chaussure droit sur sa tête. Timtom esquiva la chaussure, ne prenant pas garde à ce geste méchant, mais il continuait à regarder la jolie Princesse en souriant.

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Voyant cela, Tartelette se rua en avant et le saisit par les cheveux qu'elle tira de toutes ses forces. Au même moment, comme elle ouvrait la bouche pour crier, Timtom en profita pour lancer la pilule dorée au fond de sa gorge.

Aussitôt, la Princesse relâcha ses cheveux et tomba à ses pieds en tremblant et en sanglotant, tandis qu'elle se couvrait le visage des mains pour cacher le rouge qui montait à ses joues avec la honte.

Timtom caressa tendrement la tête baissée devant lui, et tenta de la éconforter en disant :

« Ne pleurez plus, ma douce, car votre mauvais caractère vous a quittée, maintenant, tout le monde vous aimera. »

« Me pardonnerez vous d'avoir été si méchante ? » demanda Tartelette, en levant la tête, ses yeux d'un bleu si doux le regardant d'un air suppliant.

« Je vous ai déjà pardonnée, » répondit promptement Timtom, « car ce n'était pas vous, mais votre humeur qui vous rendait si mauvaise. »

La Princesse Tartelette sécha ses larmes, embrassa Timtom et lui promit de l'épouser. Puis ils se rendirent auprès du Roi et de la Reine, ces bonnes gens étaient grandement soulagés par le changement de leur fille, et ils consentirent volontiers à ces fiançailles.

Une semaine plus tard, il y eut une grande fête dans la Vallée de Mo, ce fut un jour de réjouissance pour le peuple, car c'était celui des noces de Timtom et de la Princesse Tartelette.

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