Jim Crow, le bandit - 5
Jim Crow rencontre l'agent Geai
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Le lendemain matin, Jim Crow eut faim en se réveillant, alors qu'il se vautrait dans son grand nid, il se souvint avoir vu quatre petits œufs brun tâchetés de blanc dans le nid du loriot, à la lisière de la forêt.
« Ces œufs seront parfait pour le petit-déjeûner, » se dit il, « je vais aller les prendre tout de suite, et si la mère Loriot fait des histoires, je la mangerai aussi. »
Il sauta de son nid jusqu'à une branche, et la première chose qu'aperçurent ses yeux perçants, ce fut un grand oiseau à l'étrange aspect perché dans un arbre voisin, celui-ci regardait dans sa direction.
N'ayant jamais vécu avec d'autres oiseaux jusque là, le corbeau ne savait pas de quelle espèce il s'agissait, mais en voyant le nouveau-venu, il ne put réprimer un frisson qui l'avertissait du danger. En effet, il s'agissait du geai, il était arrivé au petit matin, après que l'étourneau lui eût parlé des crimes qui avaient eu lieu, et le geai est connu pour être l'agent de police de la forêt et la terreur de tous les malfaiteurs.
Il était presque aussi grand que Jim Crow lui-même, il avait en plus une grande crête de plumes au sommet de sa tête qui lui donnait un air encore plus impressionant, surtout quand il la redressait. Il avait des reflets mauves sur le dos et plus grisonnants sur le ventre, il avait aussi un collier de plumes noires qui entourait son cou, mais ses ailes et sa queue étaient d'un bleu magnifique semblable à celui d'un ciel un matin de mai, l'Agent Geai avait manifestement plus avenant que celui de Jim Crow. Cependant, le bec acéré alarma le corbeau, et si Jim avait été plus avisé, il aurait su qu'il se trouvait face au pire ennemi de sa race, et le plus grand plaisir que puisse éprouver un geai, c'est en corrigeant un corbeau.
Mais Jim n'était pas quelqu'un d'avisé, ses premières craintes passées, il crut pouvoir intimider cet oiseau aussi facilement que les autres.
« Eh bien, qu'est ce que tu fais ici ? » lui lança-t-il de sa plus grosse voix, car il avait hâte d'aller voler les œufs du loriot.
Le geai eut un petit rire méprisant et il répondit :
« Çà ne te regarde pas, Jim Crow. »
« Fais attention ! » le prévint le corbeau, « si tu ne me traîtes pas avec le respect qui m'est dû, tu vas le regretter. »
Le geai se mit à cligner des yeux de manière comique, du moins pour un observateur autre que le corbeau furieux.
« Pitié ! Ne me fais pas de mal ! » feignit il d'implorer, comme s'il eût été terrorisé, « ma mère aurait beaucoup de peine s'il m'arrivait quelque chose. »
« Alors, tiens toi à carreau. » répliqua le corbeau, en se pavanant fièrement le long d'une branche et en étendant ses grandes ailes de façon impressionnante, il était assez idiot pour croire qu'il lui avait fait peur.
Mais à peine eut il prit son envol dans les airs, que le geai s'élança vers lui comme une flèche, et avant que Jim Crow eût le temps de se réagir, le bec de son adversaire le frappa en pleine poitrine. Puis, avec un rire perçant, l'agent s'éloigna et disparut dans la forêt, laissant le corbeau tomber du ciel en tournoyant, accompagné de plumes éparses témoignant de sa défaite.
Cette attaque l'avait étourdi, mais il s'aperçut qu'il n'était pas gravement blessé, les corbeaux sont plus solides que la plupart des oiseaux. Jim se rendit à un ruisseau où il nettoya sa poitrine à l'eau fraîche, et aussitôt, il se sentit mieux.
Mais il renonça aux œufs du loriot ce matin là, il se contenta d'attraper des scarabées dans la mousse sous les chênes.
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