Prince Tortue - 1

Les Contes d'Étincelle

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Par un chaud jour d'été, Étincelle se rendit dans le pré où le ruisseau courait en chantant sur les pierres, ou avançait paresseusement en s'élargissant aux endroits les plus plats. En fait, ce n'était pas vraiment un ruisseau, car à de nombreux endroits un enfant pouvait facilement le traverser en sautant. Mais c'était le seul ruisseau à des kilomètres à la ronde, et il représentait pour Étincelle une inépuisable source d'amusement. Rien ne lui plaisait plus que se rafraîchir en pataugeant sur les cailloux du fond et sentir les petites vagues carresser ses minces chevilles.

Il y avait un endroit, juste après la pâture, où l'eau était plus profonde, et où l'on trouvait des poissons, comme des ablettes, des chevesnes ou des ménés, de temps en temps il était possibke d'attraper une tortue d'eau sous les pierres plates ou dans les creux de la berge. La partie la plus profonde n'était pas très grande, elle ne formait qu'une petite mare, mais Étincelle n'y pataugeait jamais, car l'eau lui arrivait jusqu'à la taille, elle aurait alors mouillé sa robe, ce qui lui aurait valu de se faire gronder par maman.

Ce jour là, elle franchit la clôture du chemin, à l'endroit où le petit pont de bois bringuebalant franchissait le ruisseau, puis elle s'assit sur l'herbe de la berge et retira ses chaussures et ses chaussettes. Portant son bonnet pour se protéger du soleil, elle entra dans le ruisseau et se mit à observer l'eau glisser sur ses jambes.

C'était vraiment très agréable, mais Étincelle ne savait pas rester en place très longtemps, elle se mit alors à patauger en descendant le courant en restant au milieu, elle pouvait distinguer à travers l'onde claire les meilleurs endroits où poser les pieds.

À un moment, elle dut baisser la tête pour passer en dessous de la clôture séparant le pré de la pâture, puis elle n'eut aucune difficulté à continuer vers l'aval jusqu'à la mare. Elle ne pouvait pas patauger dedans pour les raisons que j'ai expliquées, alors elle rejoignit le bord et grimpa sur la berge à quatre pattes pour ne pas effrayer les poissons.

Par chance, il y avait plusieurs poissons dans la mare, ce jour là, et ils ne semblaient remarquer qu'Étincelle les observait, tant elle était discrète. L'un d'eux brillait comme de l'argent au soleil, il y en avait aussi un gros, couleur de boue, qui restait immobile dans le fond, seuls ses nageoires et sa queue remuaient, elle en découvrit aussi qui étaient minuscules et se déplaçaient en groupe comme s'ils appartenaient à une même famille.

La fillette observa attentivement ces petites créatures, la mare représentait le seul monde que connaissaient ces poissons, ils y étaient nés et y mourraient sans jamais quitter cet endroit, et sans jamais savoir qu'il y avait un autre monde à l'extérieur.

Au bout d'un moment, l'enfant remarqua un nuage de boue se former dans l'eau près du bord, quand il se dissipa, elle vit une magnifique tortue qui se tenait contre le bord, elle n'était pas plus grande qu'une pièce d'un dollar en argent, sa carapace, au lieu d'être brune comme celle des autres tortues qu'elle avait vues jusque là, était striée de jaune et de rouge.

« Il me faut cette jolie tortue ! » se dit Étincelle. Comme l'eau était peu profonde à cet endroit, elle y plongea la main, attrapa la tortue et la posa sur la berge, où l'animal, qui se rertrouva sur le dos, agita ses quatres petites pattes, tentant désespérément de se remettre sur le ventre.

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