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Zixi, la Reine d'Ix - 16

La plaine au dessus des nuages

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J'ai déjà mentionné les hautes montagnes situées entre le Noland et Ix, mais au nord de la Cité de Nole, se trouvaient des montagnes encore plus hautes, si hautes qu'elles semblaient percer les nuages, et l'on disait que la lune avait coutume de s'y reposer. Elles ne formaient pas une simple pente partant des basses terres, chaque montagne avait le sommet tronqué, formant une terrasse d'où s'élevait une autre montagne tronquée, puis une autre encore et ainsi de suite, leur donnant l'aspect d'un escalier. Les habitants de Nole étaient très fiers des Montagnes du Nord, ils les avaient surnommées l'Escalier des Géants, oubliant qu'aucun géant n'était assez grand pour utiliser ces marches démesurées.

Beaucoup de monde avait déjà escaladé le premier niveau de montagnes, d'ailleurs, les bergers y paissaient leurs troupeaux. Deux ou trois personnes prétendaient avoir escaladé le second niveau, mais les habitants de la vallée de Nole ignoraient ce qui se trouvait sur les autres. En fait, ils étaient totalement déserts, hormis quelques petits animaux et parfois, un vautour ou un aigle qui avait installé son nid au creux d'une roche escarpée.

Mais tout en haut, plus haut encore que les nuages, le dernier niveau formait une immense plaine où les Tourneboules vivaient en grand nombre.

Il faut que je vous décrive ces Tourneboules, car ils ne ressemblaient en rien aux autres créatures de ce monde. Leur corps était rond comme un ballon, si vous pouvez imaginer un ballon d'un mètre vingt de diamètre. Leurs muscles étaient solides et élastiques comme du caoutchouc. Ils avaient des têtes et des bras qui ressemblaient aux nôtres, mais leurs jambes étaient très courtes. Comme les tortues, ils pouvaient rétracter leurs membres, ce qui leur donnait une forme parfaitement sphérique.

Les Tourneboules vivaient isolés dans leur pays au milieu des nuages, et y en avait des milliers et des milliers. Ils étaient de nature querelleuse, mais ils se blessaient rarement les uns les autres, en effet, quand ils se battaient, ils rétractaient leurs bras, leurs jambes et leurs têtes et roulaient l'un contre l'autre avec férocité, mais en se percutant, ils rebondissaient chacun de son côté sans se faire beaucoup de mal.

Malgré leurs belliqueuses dispositions, les Tourneboules n'avaient, jusque là, nui à personne si ce n'était à eux-mêmes. Ils vivaient tellement haut au dessus du monde, qu'en bas, les gens ignoraient leur existence, et eux mêmes, en haut, ignoraient qu'il y avait des gens en bas, à cause des nuages qui les séparaient.

Mais, comme le voulut la fatalité, quelques jours après la victoire du Roi Tim sur l'armée Ixienne, un Tourneboule qui se battait contre un de ses congénères, roula trop près du bord de la plaine où ils vivaient, et il tomba de la montagne, sur le flanc faisant face à l'intérieur du pays Nolandais. Ses semblables se rassemblèrent immédiatement pour regarder le malheureux Tourneboule dévaler la pente, rebondir sur la terrasse juste en dessous, continuer à tomber vers le niveau suivant et ainsi de suite. Peu à peu, ils n'aperçurent plus de lui qu'un point qui finit par disparaître complètement. Mais pendant un court instant, alors que les nuages s'étaient dispersés, les Tourneboules purent apercevoir, en plissant les yeux, la Cité de Nole tout en bas dans la vallée.

À cette distance, elle avait l'air d'une ville de poupées, mais ils comprenaient qu'en vérité, elle devait être très grande, si on pouvait l'apercevoir d'aussi loin. Et comme ils n'avaient pas de villes chez eux, ils eurent envie de visiter celle qu'ils venaient de découvrir.

Le dirigeant des Tourneboules, qui était plus querelleur que les autres, discuta de cette idée avec les chefs de son peuple.

« Nous pourrions dévaler la montagne en roulant comme l'a fait notre frère. » suggéra-t-il. .

« Mais comment allons nous revenir ? » demanda l'un des chefs, sortant sa tête pour regarder le dirigeant d'un air inquiet.

« Nous n'avons pas besoin de revenir, » répondit l'autre « quelqu'un a construit plein de maisons en bas, nous pourrons y vivre si elles sont assez grandes et s'il y en a assez pour tout le monde. »

« Et si ces gens d'en bas ne veulent pas de nous ? » suggéra un autre chef, qui était défavorable à cette expédition. 

« Nous allons les combattre et les détruire. » rétorqua le dirigeant en lui faisant les gros yeux, comme pour lui faire honte de sa couardise.

« Alors nous devrons y aller tous ensemble, » dit un troisième chef,  « sinon, on ne sera pas assez nombreux on se retrouvera vite débordés. »

« Chaque Tourneboule de ce pays ira ! » déclara le dirigeant, qui ne rencontrait jamais d'opposition quand il avait décidé quelque chose. 

Sur la plaine poussait un grand buisson de ronces, avec des épines aussi longues et aussi pointues que des épées. Le dirigeant ordonna donc que chacun cueille deux épines, une dans chaque main, avec lesquelles attaquer tout ennemi qu'ils rencontreraient dans cette vallée inconnue.

Le jour venu, les Tourneboules s'assemblèrent par centaines de milliers au bord de la plaine, puis, sur un mot de leur dirigeant, ils se jetèrent au bas de la montagne avec des cris terrifiants, se dirigeant à grands bonds vers la paisible Cité de Nole.

Zixi916 1

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