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Contes de Fées Américains - 8

La capture du Temps

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Capturetemps1

Fils de cowboy, Jim vivait dans les grandes plaines de l'Arizona, son père l'avait entraîné à attraper les chevaux sauvages et les jeunes taureaux au lasso avec une grande précision. S'il avait été en âge pour exercer ses talents, il eût été un des meilleurs cowboys de l'Arizona.

À l'âge de douze ans, il fit son premier voyage sur la côte est où vivait son oncle Charles, le frère de son père. Bien sûr, Jim emmena son lasso avec lui, car il était fier de son adresse et voulait montrer ce qu'il savait faire à ses cousins.

Au début, çà intéressait beaucoup les garçons et les filles de le regarder lancer son lasso sur des poteaux ou des piquets de clôture, mais ils s'en lassèrent bien vite, Jim lui-même finit par réaliser que ce n'était pas un sport adapté à la ville.

Mais un jour, le boucher kui dmanda de conduire un de ses chevaux à la campagne, dans une pâture qui venait de se libérer. Le garçon accpta avec enthousiasme, çà lui manquait de monter sur un cheval, pour faire comme dans l'ancien temps, il emmena son lasso.

Il chevaucha ssez sagement dans les rues, mais en arrivant sur les chemins de campagne, il fut gagné par une intense jubilation, il talonna les flancs du cheval et partit au galop à la manière des vrais cowboys.

Il eut alors envie de plus de liberté, il leva la clôture d'une grande pâture où il se put caracoler à son aise avec des cris et des sifflements, lançant son lasso sur du bétail imaginaire.

Soudain, le nœud coulant se resserra autour de quelque chose et resta suspendu dans le vide à un mètre du sol, tandis que la corde était tendue presque au point de désarçonner Jim.

C'était complètement innattendu, le plus extraordinaire, c'était qu'il n'y avait pas d'arbres sur ce terrai, pas même une souche. Les yeux du garçon s'agrandirent d'étonnement ; il avait bien attrapé quelque chose, car il entendit une voix lui crier :

"Mais lâche moi, bon sang ! Tu as vu ce que tu as fait ?"

Jim ne voyait rien, il n'avait pas l'intention de lâcher sa prise tant qu'il ne savait ce que c'était. Il eut recours à un truc que son père lui avait appris ; il fit courir le cheval du boucher au trot en cercle autour du point qu'il avait saisi.

Le bout du lasso solidement fixé au pommeau de la selle, il se rapprochait du centre à chaque tour, le cheval commença alors à s'agiter, Jim mit pied à terre, il ne voyait rien d'autre que la corde enroulée sur rien d'autre que de l'air., il s'avança et soudain, lui apparut un homme ligoté dans les boucles de son lasso.

C'était un homme chauve avec une longue barbe qui lui descendait jusqu'à la taille, il portait une toge de lin blanc pour tout vêteùent, dans une main il tenait une grande faux et dans l'autre, un sablier.

Alors que Jim le regardait avec stupeur, le vénérable vieillard lui dit d'un ton irrité ;

"Maintenant, retire moi cette corde, et plus vite que çà ! Tu as immobilisé la terre entière avec tes bêtises. Qu'est qu'il y a ? Tu ne sais pas qui je suis ?"

"Non." répondit laconiquement Jim.

Capturetemps2

"Eh bien je suis le Temps ! Maintenant, dépêche toi de me libérer si tu veux que le monde tourne rond."

"Comment çà se fait que je vous ai attrapé ?" demanda Jim, sans faire un geste pour détacher son prisonnier.

"Je ne sais pas, on ne m'a jamais attrapé auparavnt," répondit le Temps d'un ton bourru, "c'est à cause de ta stupide manie de lancer ton lasso dans le vide."

"Je ne vous avais pas vu." s'excusa le garçon.

"Bien sûr que tu ne m'avais pas vu, je suis invisible aux yeux des humains, sauf s'ils s'approchent à moins d'un mètre de moi, je garde toujours mes distances avec eux, c'est pour cela je traversais ce près, où je croyais ne rencontrer personne, il ne me serais rien arrivé sans ton maudit lasso. Bon, maintenant," ajouta-t-il sèchement, "retire moi cette corde."

"Pourquoi le ferais-je ?" demanda Jim.

"parce que chaque chose en ce monde s'est immobilisée à l'instant où tu m'as attrapé. As tu vraiment envie de mettre fin à la vie, au pliasir, au chagrin, à la guerre, à l'amour, à la misère, l'ambition et tout le reste ? Pas un œil depuis que tu m'as ligoté comme une momie !"

Jim se mit à rire, c'était vraiment drôle de voir ce vieil homme enroulé dans la corde du menton aux genoux.

"Ça vous fera du bien de vous reposer," dit le garçon,"d'après ce que j'ai entendu ditre, vous avez beaucoup de travail."

"En effet," répondit le Temps avec un soupir, "on m'attend au Kamchatka en ce moment même, dire qu'un seul petit garçon suffit à perturber mes habitudes !"

"Dommage !" fit Jim avec un sourire narquois, "de toute façon, comme le monde s'est arrêté, qu'importe si la pause dure un peu plus. Dès que je vous aurez relâché, les choses reprendront leur cours. Au fait, où sont vos ailes ?"

"Je n'en ai pas," répondit le vieil homme, "c'est une pure invention de gens qui ne m'ont jamais vu. En fait, je me déplace plutôt lentement."

"Je vois, vous prenez votre temps," dit le garçon, "à quoi vous sert la faux ?"

"À moissonner les gens," expliqua le Temps, "chaque fois que j'agite ma faux, quelqu'un meurt."

"Alors je mérite une médaille pour votre capture," remarqua Jim, "du coup, les gens vivront plus longtemps."

"Mais ils ne s'en rendront pas compte," répliqua le vieil homme en souriant tristement, "cela ne leur sera d'aucun secours, tuy devrais me relâcher tout de suite."

"Non," rétorqua Jim d'air déterminé, "il se peut que je ne vous recapture jamais, alors je vais vous laisser attaché un moment pour vois commet le monde se porte sans vous."

Il hissa le vieil homme saucissonné dans sa corde sur la croupe du cheval, monta en selle et prit la direction de la ville, tenant son prisonnier d'une main et les rennes de l'autre.

En atteignant la route, il trouva un étrange spectacle ; atellé à une carriole, un cheval se tenait dans la posture du trot, la tête dressée, deux pattes suspendues dans l'air et parfaitement immobile. Un homme et une femme étaient assis dans le véhicule, eussent ils été en pierre qu'ils n'eurent été plus figés et rigides.

"Il n'y a plus de temps pour eux !" soupira le vieillard, "vas-tu me laisser partir, maintenant >?"

"Pas encore." répondit le garçon.

Il continua à chevaucher jusqu'à la ville, les habitants se trouvaient dans la position exacte où ils étaient à l'instant où Jim avait capturé le Temps. Il s'arrêta devant une grande épicerie, il attacha son cheval et entra, les vendeurs étaient en train de servir les clients, qui se tenaient en rang devant eux, tous aussi figés que des statues.

Il y avait quelque chose de déplaisant dans ce spectacle, un frisson glacial parcourut le dos du garçon et il s'empressa de ressortir.

Un mendiant estropié était assis sur le rebord du trottoir, tenant son chapeau à bout de brts, à côté de lui, un gentleman à l'air prospère s'apprêtait à y déposer un penny. Jim savait que ce gnetleman était riche mais plutôt avare, alors il fouilla dans la poche de l'homme, sortit sa bourse dans laquelle il trouva une pièce de 20 $ en or, il la glissa entre ses doigts à la place du penny puis remit la bourse dans sa poche.

"Cette donation le surprendra quand il reviendra à la vie." se dit le garçon.

Il se remit en selle et commença à remonter la rue, il passa devant la boutique de son ami le boucher et en voyant les quartiers de viande suspendus à l'extérieur, il fit cette remarque :

"Toute cette viande risque de pourrir."

Barbershop2

"Aucun risque," répondit le vieil homme, "il faut du temps pour que quelque chose pourrisse."

C'était tellement bizarre et tellement vrai que cela frappa Jim.

"On dirait que le temps est impliqué partout." dit il.

"En effet," gémit le Temps, et tu as fait du personnage le plus important du monde ton prisonnier, seulement, tu n'as pas assez de bon sens pour me relâcher."

Jim ne répondit pas, ils arrivèrent bientôt à la maison de son oncle et il mit pied à terre. 

La rue était remplie de passants, mais tous étaient immobiles, ses deux petits cousins venaient juste de franchir la grille pour aller à l'école, leurs livres et leurs ardoises sous le bras, il fut donc obliger de sauter au dessus de la barrière pour ne pas les bousculer.

Dans le salon, sa tante était assise en train de lire la Bible, elle s'apprêtait à tourner une page quand le temps s'était arrêté.

Dans la salle à manger, il trouva son oncle qui finissait son déjeûner, il tenait sa fourchette devant sa bouche ouverte, les yeux fixés sur le journal ouvert à côté de lui, Jim lui prit une part de tarte et tout en la mangeant retourna auprès de son prisonnier.

"Il y a quelque chose que je ne comprends pas." dit il.

"Quoi donc ?" demanda le Temps..

"Comment se fait il que je puisse bouger alors que tous les autres sont figés ?"

"Parce que je suis ton prisonnier," répondit l'homme, tu peux faire tout ce que tu veux avec le temps, maintenant, mais si tu n'es pas prudent, tu risques de faire des choses que tu regretteras."

Jim lança la croûte de sa tarte à un oiseau suspendu dans les airs.

"Alors je peux vivre aussi longtemps que je veux et faire ce qui me ^lait," dit il en riant.

"À chaque vie est allouée une durée déterminée," déclara le vieillard, "quand tu auras vécu ton propre temps, je viendrai te faucher."

"J'avais oublié votre faux," dit le garçon, en réfléchissant.

Un éclair de malice surgit soudain dans son esprit, il réalisa que l'occasion de s'amuser ne se représenterait pas de sitôt, alors alors il attacha le Temps au poteau d'attelage de son oncle pour qu'il ne puisse pas s'échapper, puis il traversa la route pour se rendre à l'épicerie du coin.

L'épicier avait grondé Jim le matin même pour avoir renversé un panier de navets, il ne l'avait pourtant pas fait exprès, alors il se rendit au fond du magasin et ouvrit à fond le robinet du tonneau de mélasse1,

"Ça fera un sacré bazar quand le temps repartira et que la mélasse va couler par terre." se dit il en riant.

Un peu plus bas dans la rue, il y avait une échoppe de barbier et dans le fauteuil, Jim aperçut celui que tous les enfants connaissaient comme l'homme le plus méchant de la ville, il n'aimait pas les enfants et ces derniers le savaient.

Le barbier était justement en train de lui faire un shampooing quand tout s'était figé, le garçon courut à la droguerie, prit un flacn de colle et revint la verser sur la tête de l'impopuaire citoyen.

"Il aura une drôle de surprise en se réveillant," se dit il.

Non loin de là se trouvait l'école, Jim y entra, il n'y avait encore que quelques élèves et l'instituteur était assis à son bureau, l'air morne et sévère comme d'habitude.

Schoolmaster

Jim prit un morceau de craie et écrivit les mots suivants sur le tableau :

Les élèves sont priés de pousser un grand cri en entrant dans la classe, ils auront aussi l'obligeance de jeter leurs livres à la tête de l'instituteur.

Signé : Professeur Sharpe.

"Voila qui va provoquer un certain chahut." pensa le fauteur de trouble en repartant.

Au coin de la rue, il trouva l'agent Mulligan en train de bavarder avec la vieille Miss Srapple, la pire commère de la ville, qui prenait toujours plaisir à dénigrer ses voisins. Jim trouvait l'occasion trop bonne pour la laisser passer ; il retira le képi et la veste galonnée du policier, les mit sur Miss Scrapple et posa le chapeau à plumes de la vieille sur la tête de l'agent.

L'effet était tellement comique que le garçon éclata de rire, en plus, comme il y avait beaucoup de monde alentours, cela promettait de faire sensation une fois que le temps reprendrait son cours.

Puis le jeune cowboy se souvint de son prisonnier, il retourna au poteau d'attelage. Dès qu'il s'en fut approché à moins d'un mètre, le Temps redevint visible, il attendait toujours patiemment dans les boucles du lasso, ceendant, il avait l'air contrarié et il dit en ronchonnant :

"Vas tu enfin te décider à me libérer ?"

"J'ai réfléchi à propos de votre affeuse faux." déclara Jim.

"Eh bien, qu'est ce qu'elle a ?" demanda le vieillard.

"Peut être que si je vous laisse partir vous allez me faucher pour vous venger." répondit le garçon.

Le Temps lui lança un regard sévère, mais il dit :

"Au cours des millénaires, j'ai connu beaucoup de garçons comme toi, bien sûr, je sais qu'ils sont espiègles et indisciplinés, mais je les aime car je sais qu'ils deviendront des adultes. Si c'était un adulte qui m'avait attrapé par accident comme tu l'as fait, j'aurais pu l'épouvanter pour qu'il me relâche tout de suite, mais les enfants sont plus durs à impressionner. En fait, je ne te blâme pas, j'ai moi-même été un enfant, il y a très longtemps, quand le monde était encore jeune. Tu t'es suffisamment amusé, maintenant, alors j'espère que tu montreras un peu de respect pour mon grand âge, relâche moi et je te promets d'oublier toute cette histoire. De toute façon, cet incident ne peut pas nuire beaucoup, personne ne se doutera que le temps s'est arrêté ces trois dernières heures.

Mais il était certain, malgré tout, que certaines personnes se douteraient que le temps s'était arrêté en revenant à la vie.

Il détacha le vieil homme, une fois libre, celui ci posa sa faux sur son épaule, réarrangea sa robe et prit poliment congé.

L'instant qui suivit sa disparition, il y eut d'abord un bruissement, puis un ronflement et enfin un grondement signalant le retour d'activité alors que le temps reprenait son cours et que le monde redevenait aussi agité qu'à l'accoutumé.

Jim enroula son lasso, remonta sur le cheval du boucher et s'en retourna au pas.

Des cris lui parvinrent du coin de la rue, où une foule s'était amassée. Juché sur sa selle, il vit Miss Scrapple, revêtue de l'uniforme du policier, agitant son poing sous le nez de Mulligan, qui retira prestement le chapeau de sa tête et se mit à le piétiner furieusemnt sous les rires et les quolibets des badauds.

En passant devant l'école, il entendit un immense chœur de cris, il sut que le professeur Sharpe passerait un mauvais quart-d'heure à réprimer ce chahut à cause de l'inscription au tableau.

Par la fenêtre de l'échoppe, il vit le méchant homme, les cheveux dressés dans tous les sens comme des baïonettes, en train de rouer de coups le barbier, tandis que l'épicier sortait en courant de sa boutique en criant "au feu !" et en laissant des traces de mélasses partout où il posait les pieds.

Alors que Jim se délectait du résultats de ses blagues, quelqu'un le saisir soudainement par la jambe pour le faire descendre de cheval.

C'était le boucher.

"Mais qu'est ce que tu fabriques ?" lui cria celui ci d'un air furibond, "tu m'avais dit que t(u emmènerais cette bête à la pâture de Plympton et je te retrouve en train de te balader avec ce pauvre canasson comme un gentleman en goguette!"

"Je suis désolé," s'excusa Jim, "j'avais complètement oublié le cheval !"

Cette histoire nous enseigne la suprême importance du Temps et que c'est de la folie de vouloir l'arrêter, car si vous y arrivez comme l'a fait Jim, le monde deviendrait lugubre et la vie serait déplaisante.

Father time

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