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Zixi, la Reine d'Ix - 18

La conquête du Noland

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Il est impossible de décrire l'effroi des Noliens en voyant les Tourneboules dévaler sur eux.

Non seulement c'était complètement inattendu, mais en plus, l'apparence des envahisseurs avait de quoi terrifier le cœur le plus endurci.

Leurs corps ronds étaient portés par des jambes courtes et robustes, avec de larges pieds plats, ce qui leur permettait de tenir en équilibre. Au bout de leurs bras, ils avaient des mains potelées mais assez puissantes.

Leur tête était effrayante ; plate et épaisse au sommet, avec deux grands yeux semblables à de la porcelaine, un petit nez épaté et une énorme bouche, quand ils la rétractaient, elle épousait bien la rondeur du corps. Leurs curieux vêtements, taillés dans une matière ressemblant au cuir, moulaient parfaitement leur corps, il y en avait de plusieurs couleurs ; verts, jaunes, rouges et bruns.

Ces Tourneboules n'étaient vraiment pas beaux, et même si leurs gros yeux leur donnaient une expression effarée, rien ne pouvait leur faire peur.

Arrivés à Nole et dans les environs, après leur périlleuse descente des montagnes, ils s'étaient mis debouts sur leurs pieds, avaient étendu leurs bras avec les épines serrées dans leurs mains crochues, et ils s'étaient précipités tous ensemble sur la population terrorisée.

Les soldats de Tollydob n'eurent même pas le temps de prendre leurs armes, car nul n'aurait pu imaginer un ennemi surgissant du ciel.

Les hommes de Nole, qui auraient pu résister, étaient trop effrayés pour faire autre chose que trembler et pousser des gémissements. Quant aux femmes et aux enfants, ils s'enfuirent en hurlant dans leurs maisons et barricadèrent les portes, ce qui était, sans aucun doute, la meilleure chose à faire.

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Tollydob dormait quand survint l'invasion, les cris le réveillèrent brusquement, il se rua dehors et se retrouva face à plusieurs Tourneboules. Le courageux Général se précipita sur eux sans hésiter, mais deux de ces créatures se jetèrent sur lui de deux directions opposées, et le géant de trois mètres se retrouva écrasé entre elles, ce qui lui coupa la respiration. À peine se fut il libéré que deux autres Tourneboules se précipitaient sur lui, mais Tollydob n'était pas du genre à se laisser avoir deux fois, alors il fit un grand saut, esquivant les créatures qui se percutèrent l'une et l'autre.

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Cela rendit les deux Tourneboules si furieux qu'ils se mirent à se battre entre eux, le Général en profita pour se replier, mais d'autres ennemis arrivèrent en roulant, ils le renversèrent et le piquèrent de leurs épines jusqu'à ce qu'il demande grâce et promette d'être leur esclave.

Le Conseiller en Chef regardait tout çà par sa fenêtre, ce là lui fit tellement peur qu'il alla se cacher sous son lit, espérant que les créatures ne le trouveraient pas. Mais leurs gros yeux ronds étaient très perçants, et quand ils entrèrent dans la chambre de Tullydub, ils ne mirent même pas deux minutes pour le trouver et le trainer dehors, où il le piquèrent avec leurs épines jusqu'à ce qu'il se soumette à eux.

Dès les premiers signes de danger, Tillydib avait avait enterré la Bourse dans le jardin du palais pour la cacher (il aurait pu s'épargner cette peine, les Tourneboules ignoraient tout de l'argent et de son usage, habitués qu'ils étaient à s'emparer de ce qu'ils voulaient sans rien donner en échange), puis il s'était rendu de lui-même aux envahisseurs, évitant ainsi le déshonneur d'être vaincu.

L'Exécuteur des Hautes Œuvres fut le seul à opposer une réelle résistance à l'agresseur, quand il vit arriver les Tourneboules sur lui, il s'empara de sa hache, étendit son long bras et trancha plusieurs têtes.

Les autres s'arrêtèrent un instant, ils n'étaient pas habitués à de tels actes guerriers, et ils se demandaient comment un bras pouvait s'étendre à ce point.

Voyant que leurs têtes étaient en danger, une centaine de créatures prirent leurs formes de ballons et roulèrent en ligne droite vers l'Exécuteur, espérant l'écraser.

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Ils ne pouvaient pas voir ce qui se passait dans leur élan, leurs têtes étant rétractées. Tellydeb les regarda s'avancer vers lui, il sauta sur le côté au dernier moment et donna un grand coup de hache au premier Tourneboule qui passa devant lui, mais il ne parvint pas à entamer son corps qu'on aurait dit fait de caoutchouc, au contraire, l'instrument lui échappa de ses mains en rebondissant et s'envola, trop loin, hélas, pour que son long bras puisse la récupérer. Se retrouvant sans défense, il eut la sagesse de se rendre sans plus de résistance.

Ne trouvant plus personne à combattre, les Tourneboules s'amusèrent à tourmenter la population, les pauvres comme les riches, les bousculant et les renversant, riant bruyamment de les voir ramper dans la boue.

Puis ils les piquaient avec leurs épines, alors les hommes se relevaient en poussant des hurlements aigüs et se remettaient à courir, pour se faire à nouveau renverser la minute qui suivait.

Mais les monstres se lassèrent bientôt de cette distraction, ils avaient envie d'explorer cette cité qu'ils avaient si facilement envahie. Ils pénétrèrent en masse dans le palais et les autres bâtiments publics, ils y admirèrent toutes ces choses magnifiques, et totalement nouvelles pour eux, qu'ils trouvèrent. Les miroirs les enchantèrent plus que le reste, et ils se battirent pour avoir le privilège d'admirer le reflet de leurs grotesques silhouettes.

Ils ne pouvaient s'asseoir sur les chaises, leur forme n'étant pas adaptée à leurs corps. Quant aux lits, leur usage leur était totalement étranger, quand ils voulaient se reposer, les Tourneboules rétractaient simplement leurs membres et leurs têtes, ils roulaient sur le dos et dormaient profondément, peu importait où.

Ils se livrèrent au pillage des magasins, détruisant sauvagement ce qui ne pouvait pas leur servir. Tels des autruches, ils portaient à la bouche tout ce qui les attirait, l'un d'eux avala une grande quantité de billes de verre colorées. Les plus avisés investirent les épiceries, satisfaisant leur curiosité en mangeant pratiquement tout ce qu'ils trouvaient. Les grimaces qu'ils firent en goûtant le sel et le vinaigre ne manquèrent pas de comique.

À présent, la cité entière était aux mains des Tourneboules, qui forçaient le malheureux peuple à les servir et les divertir. Et si quelqu'un montrait la moindre réticence, ils le malmenaient, lui tiraient les cheveux et le faisaient souffrir d'horrible manière.

Tante Rivette était dans sa chambre au dernier étage du palais quand ils avaient envahi Nole. Elle en avait aussi peur que les autres, mais elle se rappela qu'elle pouvait leur échapper, alors elle les observa tranquillement depuis sa fenêtre, et quand ils enfoncèrent la porte, elle enjamba la balustrade du balcon, déploya ses ailes et s'envola au loin avant qu'ils ne puissent la saisir.

Elle se souvint que Tim et Tignasse étaient partis pique-niquer au bord de la rivière, elle fila donc dans cette direction et ne tarda pas à trouver les enfants et Tallydab, ils étaient en train de manger leur casse-croûte tandis que le chien Hirsute, qui était dans de bonnes dispositions, leur chantait une chanson comique pour les distraire.

Ils furent très surpris de voir ainsi arriver Tante Rivette, mais une fois qu'elle eut atterri, elle leur raconta comment les Tourneboules avaient envahi le royaume et réduit le peuple en esclavage. Cela les bouleversa au point qu'ils se regardèrent les uns les autres sans pouvoir dire un mot.

« Oh, Tim ! » s'exclama soudain Tignasse, d'une voix désespérée, « qu'allons nous faire ? » . 

« Je sais pas. » répondit Tim, qui avait avalé un gros morceau de sandwich de travers sous le coup de l'émotion

« Une chose est certaine, » fit remarquer Tante Rivette, en se servant une part de gâteau, « notre petite vie tranquille est compromise, se serait idiot de rester ici, nous ferions mieux de gagner un pays où les Tourneboules ne nous trouverons pas, ce serait plus sûr.  »

« Mais pourquoi fuir ? » demanda Tim, « On peut rien faire ? Hein ? Tallydab, vous qui êtes un de mes Conseillers, qu'est ce que vous en pensez ? »

L'Intendant en Chef était quelqu'un de calme et posé, avant de répondre, il fit tomber les miettes de ses genoux, remplit sa longue pipe, l'alluma et tira quelques bouffées, perdu dans une profonde réflexion.

« À mon avis, » dit il enfin, « grâce à la Cape Magique de la Princesse Tignasse, nous pourrions facilement neutraliser ces envahisseurs et rendre la paix et la prospérité au royaume » 

« C'est vrai, çà ! » répondit Tim, « pourquoi n'y avons nous pas pensé avant ? »

« Il faudra que tu fasses le souhait, Tim, » dit Tignasse, « car nous en avons tous fait un à part toi. »

« Très bien, » dit le Roi, « puisqu'il le faut, mais çà m'ennuie de devoir le faire maintenant, je le réservais pour une autre occasion. »

« Au fait, où est la Cape ? » demanda le chien, se mêlant brusquemment à la conversation, « vous ne pouvez faire de souhait sans elle. »

« La Cape est enfermée dans un tiroir dans ma chambre, au palais. » dit Tignasse.

« Et nos ennemis ont pris possession du palais, » observa Tallydab d'un air sombre, « ce n'est pas de chance ! »

« Ce n'est pas grave, » dit Tante Rivette, « je peux aller la chercher en volant, si les Tourneboules n'ont pas déjà forcé le tiroir et ne s'en sont pas emparée. »

« S'il vous plait, allez y tout de suite ! » s'écria Tignasse, « voici la clé, » ajouta-t-elle en la détachant de son cou et en lui tendant, « mais soyez prudente, prenez garde que ces horribles créatures ne vous attrapent pas. »

« Je n'ai pas peur. » répondit Tante Rivette avec assurance. Elle prit la clé, elle promit de revenir le plus vite possible avant de s'envoler en direction de Nole. 

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