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Zixi, la Reine d'Ix - 8

La réception Royale

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Quant au Roi et à la Princesse Tignasse, ils retournèrent au palais et revêtirent quelques uns de leurs plus beau habits, puis ils dirent à Jikki de leur apprêter deux poneys.

« Il nous faut des  jouets, » dit Meg, d'un air déterminé,  « et maintenant que nous sommes riches, qu'est ce qui nous empêche d'acheter ce qu'on veut ? »

« C'est vrai, » répondit Tim, « l'ancien Roi n'avait rien pour jouer, pauvre homme ! Je me demande ce qu'il faisait pour s'amuser. »

Montés sur leurs poneys, suivis du Conseiller en Chef et du Gardien de la Bourse Royale voyageant dans un carrosse officiel, ainsi que d'une escorte d'une dizaine de soldats, ils parcoururent les rues de la ville sous les acclamations du peuple.

À un moment, Tim vit un magasin de jouets dans une rue, Tignasse et lui descendirent de leurs poneys et entrèrent pour examiner la marchandise. C'était une boutique bien fournie, sur les étagères, des rangées de poupées magnifiques attirèrent l'attention de Margaret..

« Tim ! » s'exclama-t-elle « il me faut une poupée comme çà ! »

« Choisis. » lui dit calmement son frère, bien que son cœur battit à tout rompre en voyant tous ces jouets étalés devant lui.

« Je ne sais pas laquelle choisir. » dit la petite Princesse en soupirant. Elle regardait les poupées les unes après les autres sans parvenir à se décider.

« On prend tout. » déclara Tim.

« Tout ? Toutes ces poupées ? » s'écria-t-elle, en manquant de s'étrangler.

« Pourquoi pas ? » puis il se tourna vers le propriétaire du magasin et lui dit :

« Faites entrer ce vieux monsieur qui transporte l'argent. »

Quand le Gardien de la Bourse Royale apparut, Tim lui dit :

« Payez donc cet homme pour toutes ces poupées, puis pour çà... et çà... et çà !.. » continua-t-il en réunissant les plus beaux jouets de la boutique de la façon la plus désinvolte que l'on puisse imaginer.

Les soldats chargèrent le carrosse avec toutes les poupées de Meg, et une grande cariole fut amenée pour transporter les jouets de Tim. Puis le Gardien de la Bourse Royale paya la facture, poussant de grands soupirs en comptant l'argent. Mais le nouveau Roi ne prêtait pas attention à Tillydib, et quand tous les trésors furent chargés, les enfants remontèrent sur leurs poneys et retournèrent au palais d'un pas léger, suivis d'une procession composée du carrosse rempli de poupées, la cariole remplie de jouets, et Tullydub et Tillydib qui marchaient derrière, n'ayant plus de place pour s'asseoir.

Tim fit monter les jouets et les poupées dans une grande pièce à l'étage, puis il ordonna à tout le monde de rester dehors le temps que lui et Tignasse arrangeaient leurs acquisitions en les disposant sur les tables, les chaises et par terre, si bien qu'à la fin il ne leur restait presque plus de place pour bouger.

« En fin de compte, » dit il à sa sœur, « c'est pas mal d'être Roi ! »

« Ou Princesse. » ajouta Meg, occupée à habiller une de ses poupées. 

Ils dirent à Jikki de leur amener leur dîner dans la salle de jeu, comme Tim l'appelait maintenant, mais aucun des deux enfants n'eut l'idée de manger, tout absorbés qu'ils étaient à découvrir leurs trésors.

Juste après le crépuscule, tandis que Jikki allumait les chandelles, le Conseiller en Chef vint frapper à la porte pour demander à Tim de se préparer, car la réception royale allait commencer dans cinq minutes.

« Non, » dit Tim, « j'irai pas. »

« Mais il le faut, Votre Majesté ! » l'implora Tullydub. 

« Je suis bien le Roi ? » demanda Tim, assis par terre en train d'aligner des soldats de bois. 

« Certainement, Votre Majesté. »

« Et la volonté du Roi fait loi, n'est ce pas ? » continua Tim. 

« Certainement, Votre Majesté ! »

« Eh bien, dans ce cas, sachez que je ne viendrai pas. Allez vous en et laissez moi tranquille ! »

« Mais les gens attendent de vous que vous assistiez à cette réception, Sire, » protesta Tullydub, effaré, « ce serait contraire à la coutume de ne pas venir, et tout le monde serait déçu de ne pas voir Votre Majesté. »

« Je m'en fiche ! » rétorqua Tim, « allez vous en et laissez moi tranquille, vous dis-je ! »  

« Mais, Votre Majesté... »

Le Roi lança un petit canon en bois à son Conseiller en Chef, qui l'esquiva et s'enfuit en fermant rapidement la porte derrière lui..

« Tim, » lui dit doucement la Princesse, « tu disais tout à l'heure que c'était chouette d'être Roi. »

« C'est vrai. » répondit il.  

« Tu te rappelles de ce que Papa nous disait ? » continua la petite fille, tout en ajustant un chapeau rouge sur une poupée aux cheveux bruns,  « il nous disait qu'il y a toujours un prix à payer pour les bonnes choses que l'on reçoit dans la vie. »

« Qu'est ce que tu veux dire ? » lui demanda Tim, surpris. 

« Ce que je veux dire, c'est que si tu veux être Roi, porter de beaux vêtements, manger de bonnes choses, vivre dans un palais, avoir plein de serviteurs, avoir tous les jouets que tu veux et avoir autorité sur tout et tout le monde, alors il te faut payer le prix de ces avantages. »

« Comment puis je payer pour tout çà ? » demanda Tim en la regardant. 

« En assistant à la réception Royale, et en accomplissant toutes les choses ennuyeuses que l'on attend d'un Roi. » répondit elle. 

Tim réfléchit un moment, puis il se mit debout et courut embrasser sa sœur.

« J'crois bien que t'as raison, Tignasse, » dit il en soupirant, « j'irai à cette réception ce soir, et je ferai comme si c'était un médicament que je suis obligé de prendre. »

« C'est magnifique ! » répondit Tignasse avec un air radieux, « j'irai avec toi ! Les poupées peuvent bien attendre jusqu'à demain. Dis à Jikki de te brosser les cheveux et je vais demander à mes femmes de chambre de m'habiller ! » 

Tullydub était en train de se demander comment il allait expliquer l'absence du Roi à la foule de courtisans réunis pour la réception, quand soudain, à sa grande surprise et à son grand soulagement, Sa Majesté fit son entrée dans la salle, accompagnée de la Princesse Tignasse. Le Roi portait un costume de velours brodé d'or, à sa hanche pendait l'épée parée de joyaux. Meg, quant à elle, portait une robe de soie blanche lui donnant la grâce et la beauté d'un lys.

Les courtisans et leurs dames, revêtus de leurs plus beaux atours, reçurent leur jeune Roi avec le plus grand respect, et quelques uns des nobles les plus fortunés d'entre eux s'avancèrent vers Tim pour converser avec lui.

Mais le Roi ne savait que dire à ces grands personnages, la réception royale s'annonçait mal..

Tignasse vit que tous ces gens  avaient l'air mal à l'aise et se regardaient les uns les autres, alors elle chuchota quelque chose à l'oreille de Tim.

« Y a-t-il un orchestre, dans ce palais ? » demanda le Roi à Tellydeb, qui se tenait non loin de lui. 

« Bien sûr, Votre Majesté. »

« Alors faites le venir. » ordonna Tim.

Peu après, les musiciens arrivèrent, et le Roi leur dit de jouer une valse. Mais le Conseiller en Chef se précipita vers lui en s'écriant :

« Votre Majesté ! C'est contraire aux règles et aux coutumes ! »

« Silence ! » répliqua sèchement Tim, « je m'occuperai des règles et des coutumes de ce royaume plus tard, pour l'instant, nous allons danser. »  

« Mais Sire ! C'est terriblement non conventionnel ! C'est... comment dirai-je ? »

« Çà  suffit ! J'en ai assez de tout çà, » déclara Tim, « allez vous mettre dans ce coin, face au mur, et restez y jusqu'à ce que je vous autorise à bouger. » ajouta-t-il, se rappelant du temps où son père, le passeur, lui infligeait la même punition quand il n'était pas sage.

Tullydub était tellement surpris qu'il obéit aussitôt sans réfléchir, alors Tim fit son premier discours.

« Nous allons danser, » déclara-t-il, « alors, amusez vous bien, et si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à demander. Vous pouvez rester aussi longtemps qu'il vous plaira. »

L'assistance eut l'air d'apprécier ses paroles, car tout le monde se mit à l'applaudir. Puis les musiciens commencèrent à jouer, et les gens se mirent aussitôt à danser et à s'amuser.

La Princesse Tignasse eut bon nombre de cavaliers ce soir là, mais Tim ne s'intéressait pas à la danse, il préférait regarder. Au bout d'un moment, il autorisa Tullydub à sortir de son coin, et il lui fit promettre d'être sage et de ne plus l'embêter.

« Mais il est de mon devoir de conseiller le Roi. » protesta le vieil homme d'un ton solennel.

« Quand j'aurai besoin de vos conseils, je vous le dirai. » répondit Tim.

Tandis que Tullydub se tenait à côté du trône avec une mine renfrognée, la porte s'ouvrit et Tante Rivette entra dans la salle de réception. Elle était vêtue d'une élégante robe de velours vert-clair, avec des fleurs rouges et jaunes brodées. Dans son dos, les ailes se dressaient majestueusement entre les plis du tissu.

Elle avait l'air de bonne humeur, elle souriait et faisait la révérence à tout le monde. Chacun s'arrêta de danser pour l'admirer, elle battit même des ailes une fois ou deux pour montrer à quel point elle était fière d'être ainsi différente des autres.

Tim se mit à rire en la voyant, elle avait l'air tellement comique. Alors une idée facétieuse lui vint à l'esprit, et il ordonna à Tullydub de danser avec elle.

« Mais je ne sais pas danser, Votre Majesté ! » s'écria le Conseiller en Chef, horrifié.

« Eh bien essayez, je suis sûr que vous y arriverez » répondit Tim, « si vous ne savez pas danser, il est temps d'apprendre. »

Le pauvre homme fut donc obligé de placer son bras autour de la taille de Tante Rivette et de se lancer avec elle dans une valse. La vieille femme ne savait pas danser non plus, et ils étaient tout aussi maladroits l'un que l'autre, se cognant dans tous ceux qui se trouvaient alentour. À un moment, Tante Rivette glissa, ils seraient tombés tous les deux si elle ne s'était mise à battre des ailes par réflexe.

Du coup, au lieu de tomber, ils s'élevèrent ensemble dans les airs, car ils s'étaient accrochés l'un à l'autre dans la terreur, tandis que l'un criait : au meurtre ! L'autre criait : au secours !

Tim riait aux larmes. Finalement, après s'être cogné la tête plusieurs fois au plafond, elle parvint a reprendre le contrôle de ses ailes et à redescendre.

Dès qu'il fut libéré, Tullydub s'enfuit de la salle en courant, tandis que Tante Rivette, après avoir juré de ne plus jamais danser, s'assit à côté de Tim et regarda les danseurs jusqu'à minuit passé, quand les courtisans et leurs dames retournèrent chez eux, déclarant n'avoir jamais passé une aussi bonne soirée de leur vie.

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